28/03/2024

GIDEON LEVY
Il nous faut l'admettre : Israël veut la guerre à Gaza

Gideon Levy, Haaretz, 27/3/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Israël veut la guerre. Toujours plus de guerre, autant que possible, et peut-être même plus. Les jours de notre enfance sont révolus, quand on nous disait qu'Israël voulait la paix plus que tout. Nous nous considérions comme des pacifistes, un peuple naïf.

Une femme palestinienne avec un garçon blessé après un bombardement israélien dans le centre de la ville de Gaza, la semaine dernière. Photo AFP

 Le temps est révolu où nous nous vantions auprès de tous les visiteurs étrangers que notre salutation courante était “paix” [shalom]. Quelle autre nation dit “paix” partout où elle va ? Il n'y a que nous, les partisans de la paix. C'est ce qu'on nous a dit et c'est ce que nous avons cru. Oups, les Arabes et les musulmans aussi disent salaam. Mais ça, ils n'ont pas pris la peine de nous le dire à l'époque.

Nous sommes les plus grands défenseurs de la paix au monde, et regardez ce que ces méchants nous ont fait. Lorsque nous sommes apparus dans des délégations de jeunes devant les communautés juives des USA, nous avons dansé la hora avec des chemises brodées au son du “Chant pour la paix”- pour quoi d’autre des jeunes Israéliens danseraient-ils ? - et les Juifs enthousiastes ont essuyé une larme.

Quelle nation ! Quelle aspiration à la paix ! Nous sommes les pacifistes, et les Arabes sont des bellicistes. C'est ce qu'ils nous disaient quand nous étions enfants. C'est ce que nous nous sommes dit à nous-mêmes et au monde, qui y a même cru pendant un moment.

Israël veut la guerre. Aujourd'hui, il le dit explicitement, sans faux-semblant et sans blanchiment. Autant de guerre que possible dans les paroles du gouvernement, autant de guerre que possible dans les paroles de l'opposition. Encore plus de guerre même dans la bouche des manifestants sur les places, qui ne réclament certainement pas le contraire. Ils veulent seulement un arrêt de la guerre pour libérer les otages et chasser Benjamin Netanyahou, et ensuite, selon eux, nous pourrons retourner aux champs de la mort pour toujours.

Toujours plus de tueries, toujours plus de destructions. La soif de vengeance et la soif de sang sont enveloppées d'une foule de déguisements, d'excuses et de considérations. Certaines d'entre elles peuvent être comprises depuis le 7 octobre, qui nous a fait sortir du placard.

Le tableau peut être compliqué, mais on ne peut pas estomper le fait écrasant que le monde entier veut mettre fin à cette guerre, à l'exception d'un seul État. La quantité de sang que cet État veut verser n'a pas encore été atteinte. Ce désir, enveloppé dans la cause de la destruction du Hamas, ne sera de toute façon pas accompli. Qu'y a-t-il d'autre à penser qu'Israël veut tuer et détruire à Gaza pour le plaisir de tuer et de détruire ? Tel est l'objectif.

On peut arguer que si nous ne détruisons pas le Hamas, la guerre se poursuivra éternellement et que, de toute façon, il s'agit d'une guerre pour la paix. Mais on ne peut pas croire cela quand il n'y a pas de plan stratégique derrière la soif de guerre. Il ne reste donc que la stricte vérité : Israël veut tout simplement la guerre. La gauche, la droite et le centre aussi. Tout le monde.

Soldats israéliens sur un char dans la bande de Gaza en février. Photo Dylan Martinez/REUTERS

C’est une situation horrible. D'abord, nous avons supprimé la paix en tant que valeur, en tant qu'objectif et vision, et maintenant nous avons fait de la guerre une valeur pour laquelle nous devons nous battre contre le monde entier. Quelques-uns contre beaucoup, nous nous battrons pour notre droit à la guerre. Le petit nombre contre la multitude, nous nous battrons pour notre droit de tuer et de détruire sans discernement.

La plus grande menace qui pèse aujourd'hui sur Israël est d'arrêter la guerre. Où irons-nous ? On a oublié que la guerre est l'invention humaine la plus satanique. Faire la paix, pas la guerre - c'est pour les crédules et les idiots. La poursuite de la guerre est ce qui unit Israël dans un lien étroit. Nous sommes prêts à payer n'importe quel prix pour continuer la guerre, y compris à ruiner les relations avec les USA, qui ne sont pas réputés comme des pacifistes, et qui exigent aussi : Assez.

C'est la soif de guerre, et rien d'autre. Non seulement personne ne nous l'impose, pas même l'horrible 7 octobre, mais, de toutes les nations, c'est nous qui l'avons choisie. Et nous, de toutes les nations, avons choisi de continuer à le faire, sans aucune résistance de la part d'Israël. Nous devons avoir Rafah, puis Baalbek, et nous retournerons ensuite dans le nord de la bande de Gaza parce que nous le devons. Nous devons le faire. Et puis Téhéran sera un must aussi, parce qu'il n'y a pas d'autre choix.

Pourquoi, que suggérez-vous ? La capitulation ? L'anéantissement ? L'holocauste ? Israël veut de plus en plus de cette guerre. Nous pensons que c'est permis et que ça nous fait du bien.        

Paolo Lombardi


 

 

26/03/2024

FRANCESCA ALBANESE
Anatomie d'un génocide: rapport au Conseil des droits de l'homme de l'ONU

On trouvera ci-après, traduit par nos soins, le rapport présenté ce mardi  26 mars au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, à Genève, par Francesca Albanese,  Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967




24/03/2024

CAROLINE TRACEY
Un rêve de checkpoint en plein désert : 30 ans après son entrée en vigueur , l’Accord de libre-échange nord-américain face à une contradiction insoluble
Libre passage pour les marchandises, accès contrôlé pour les humains

Versión española : Una garita soñada en el desierto
English version : Checkpoint Dreams

Caroline Tracey, Nexos, 1/1/2024
Dessins de Ricardo Figueroa
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

À en juger par les plans architecturaux que le ministère de la Sécurité intérieure [DHS] a soumis au Congrès usaméricain en 2009, le Poste de contrôle intérieur de la patrouille frontalière [BPIC, Border Patrol interior checkpoint] sur l’autoroute inter-États I-19 allait être gigantesque. Le poste de contrôle serait situé au milieu du désert de l’Arizona, à quelque 35 kilomètres au nord d’Ambos Nogales, les villes-jumelles frontalières loin de la frontière proprement dite.

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Le projet abandonné de megacheckpoint



D’où l’oxymore révélateur du nom officiel du poste de contrôle : comment peut-il se trouver à l’intérieur des terres s’il s’agit d’un poste de contrôle frontalier ? La réponse, selon l’agence des douanes et de la protection des frontières, est très simple : la frontière entre les USA et le Mexique est très large : 160 kilomètres à l’intérieur des terres à partir de la frontière territoriale des USA, pour être exact. Dans cette zone d’exception - où vivent les deux tiers de la population usaméricaine - le gouvernement usaméricain a suspendu la protection constitutionnelle contre les “recherches et saisies” ; la patrouille frontalière peut monter dans n’importe quel véhicule et procéder à une fouille sans mandat.

D’un autre point de vue, cependant, la frontière entre le Mexique et les USA devait être aussi mince que possible. L’intégration des chaînes d’approvisionnement des deux pays, réalisée par l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), a fait de la circulation efficace des produits, des biens et des matières premières d’un côté à l’autre de la frontière un impératif non seulement juridique, mais aussi économique.

D’où l’autre oxymore - implicite, certes, mais évident compte tenu du contexte géographique et historique - du nom officiel du point de passage frontalier : comment concilier le contrôle des frontières et le libre-échange ? La réponse, selon le département de la sécurité intérieure, était encore une fois très simple : construire le plus grand point d’inspection de l’histoire des USA.

Mais aujourd’hui, le poste de contrôle de l’I-19 est une triste structure métallique au milieu du désert. L’immense complexe dont rêvaient les ingénieurs du gouvernement usaméricain n’a jamais été construit. Comme tant d’autres ambitions usaméricaines dans les années qui ont suivi l’entrée en vigueur de l’ALENA, leurs plans sont restés à l’état de projets.

Le plan initial du BPIC prévoyait que le trafic automobile privé serait dévié vers sept voies équipées de cabines d’inspection à l’arrivée au poste de contrôle depuis l’autoroute. Peu de temps après, les ingénieurs ont toutefois estimé que cette solution était insuffisante et qu’il valait mieux construire vingt-deux voies. Le trafic des camions commerciaux et des passagers serait quant à lui dévié vers une autre zone d’inspection, à côté du parking pour les voitures des 39 agents de la patrouille frontalière qui travailleraient au BPIC 24 heures sur 24.

D’autres zones comprendraient des chenils pour les K-9 [=Ka-Nine, chiens policiers] entraînés à renifler la drogue, un ascenseur pour véhicules, des tours équipées de radars et d’autres systèmes de communication (dans le cadre d’un contrat attribué à Boeing, puis annulé faute d’autorisation du ministère de l’Intérieur), un entrepôt pour la contrebande confisquée, une salle informatique avec accès aux bases de données de renseignements sur les groupes terroristes et le crime organisé, et un centre de détention pouvant accueillir trois cents personnes que le langage officiel du gouvernement usaméricain qualifie d’illégales.

Tout cela était nécessaire, ont expliqué les responsables du DHS, car la plupart des migrants sans papiers qui tentaient d’entrer dans le pays le faisaient dans la région sud de l’Arizona, où passe l’I-19 avant de rejoindre la route fédérale 15 du Mexique. Alors que la Border Patrol divise la frontière avec le Mexique en neuf secteurs, ces années-là, la moitié des arrestations ont eu lieu dans le secteur de Tucson.

La patrouille frontalière usaméricaine divise sa stratégie de contrôle et de surveillance - appelée defense in depth (“défense en profondeur”)- en trois couches, chacune plus éloignée de la frontière : line watching, la surveillance de la ligne (l’observation constante de la frontière elle-même), roving patrols, patrouilles itinérantes de petits groupes d’agents, parfois à cheval, qui se déplacent dans les zones où circulent le plus de migrants) et, enfin, les BPIC.

« On ne peut pas tout arrêter [le trafic de personnes et de marchandises] à la frontière, alors on ferme les voies de sortie », m’a dit un porte-parole de la patrouille frontalière lors d’un entretien récent. Les BPIC, a-t-il poursuivi, « permettent d’avoir un endroit où l’on peut attraper le trafic qui a réussi à passer [au-delà] de la zone frontalière ».

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 "Operation Wetback" (dos mouillé, mojado) en 1954 : des immigrés mexicains sont reconduits à la frontière dans des cages installées sur des camions

L’idée d’établir des points de contrôle de l’immigration à l’intérieur du territoire n’est pas nouvelle : dans les années 1930, le gouvernement usaméricain a mis en place des points de contrôle dans les gares ferroviaires où arrivaient la plupart des Mexicains. La base juridique de cette politique publique, que de nombreux juristes et militants considéraient comme clairement discriminatoire et inconstitutionnelle, a été établie en 1976, lorsque la Cour suprême a autorisé les agents chargés de ces points de contrôle à considérer la “race” des personnes comme un motif suffisant pour les interpeller et les interroger.


Ce qui est certain, en revanche, c’est que la taille physique et le poids symbolique des BPIC ont énormément augmenté dans les années qui ont suivi l’entrée en vigueur de l’ALENA. L’une des contradictions les plus flagrantes du traité est qu’il favorise la circulation transnationale de deux des trois catégories dont la libre circulation est au cœur de la conception néolibérale classique du libre-échange - les capitaux et les marchandises - mais ne garantit pas la même liberté de circulation pour la troisième et peut-être la plus importante de ces catégories : la main-d’œuvre. Ou, pour le dire en termes moins aliénants : les êtres humains. Les BPIC ont fini par incarner ce paradoxe : ils servent à réguler, en même temps mais de manière opposée, les flux de remorques et de personnes qui ont commencé à arriver à la frontière en nombre toujours croissant dans les années qui ont suivi l’entrée en vigueur de l’ALENA.

Aujourd’hui, lorsque vous passez par l’I-19, vous n’avez même pas besoin de quitter l’autoroute pour passer par le BPIC. À quelques kilomètres du point de passage, vous commencez à voir des panneaux vous invitant à ralentir. Devant vous, des cônes de signalisation apparaissent pour diviser les voies. Enfin, vous atteignez le point de contrôle, qui n’est guère plus qu’une tente surplombant la route et offrant de l’ombre aux patrouilleurs et à leurs chiens. Contrairement aux points de contrôle permanents du Texas, où la patrouille frontalière ne laisse passer personne sans avoir vérifié son droit d’être dans le pays, en Arizona, les agents ne prennent souvent pas la peine de vous ordonner de vous arrêter pour affirmer que vous êtes citoyen usaméricain ou, à défaut, que vous avez les documents nécessaires pour être dans le pays en toute légalité. Ils préfèrent ne pas arrêter la circulation.

Bien qu’il soit en place depuis des années, le BPIC de l’I-19 reste techniquement “temporaire”, faisant du secteur Tucson de la Border Patrol - si prioritaire selon les autorités - le seul à ne pas disposer d’un point de contrôle permanent (les huit autres secteurs comptent au total 32 BPIC). Les raisons de cet éternel provisoire n’ont malheureusement rien à voir avec un respect renouvelé du droit humain à la liberté de circulation. L’argument qui a permis d’arrêter ce nœud central des plans de militarisation des frontières du DHS - une agence qui a la réputation d’être invulnérable à la critique, à l’activisme et même au droit civil - provient de l’une des traditions usaméricaines les plus éculées : la défense à outrance de la valeur de l’immobilier. Pas dans mon jardin, disaient les propriétaires locaux.

Au départ, l’idée était que les BPIC exploiteraient l’effet de surprise. Les points de contrôle “tactiques” changeraient d’emplacement chaque semaine, de sorte que les sans-papiers et leurs guides ne sauraient pas où ils se trouveraient. Le problème est que la patrouille frontalière doit obtenir de nouveaux permis du ministère des transports de l’État à chaque fois qu’elle déplace ces points de contrôle temporaires. Lorsque ce processus bureaucratique s’est avéré trop lourd, l’agence a opté pour des points de contrôle permanents.[1]

Le secteur de Tucson a constitué une exception. En 1999, Jim Kolbe, membre du Congrès de l’Arizona, alors encore membre du parti républicain, a inséré une clause dans la loi déterminant les allocations budgétaires fédérales pour la sécurité des frontières : « Aucun fonds ne sera approuvé pour l’acquisition de terrains, la conception ou la construction d’un poste de contrôle de la patrouille frontalière dans le secteur de Tucson ». Le Congrès a renouvelé la stipulation de Kolbe chaque année jusqu’en 2006. Un avenant adopté en 2003, alors que les BPIC des autres secteurs avaient déjà été construits, obligeait la Border Patrol à déplacer le poste de contrôle du secteur de Tucson tous les quinze jours.

Mais en 2007, Kolbe a pris sa retraite. La patrouille a saisi l’occasion de convertir le point de contrôle nomade de l’I-19 en une installation fixe. Suivant la directive de rechercher des sites avec une bonne visibilité et peu d’issues de secours, les patrouilleurs ont décidé de construire le poste au nord de la ville de Tubac et, comme par dépit pour le sénateur Kolbe, se sont prêtés à la conception du BPIC le plus ambitieux de l’histoire.

Les ingénieurs de Tucson se sont inspirés du poste de contrôle nouvellement construit au nord de Laredo, au Texas : une dalle d’asphalte au milieu d’une forêt qui était alors le plus grand BPIC du pays. Selon les ingénieurs, même les six hectares de la zone du poste de contrôle de Laredo s’étaient avérés insuffisants pour l’opération de scanner de camions. En revanche, le BPIC du secteur de Tucson devait occuper 72 800 mètres carrés [7, 28 ha].

Avant le début des travaux, comme l’exige la loi, la patrouille frontalière a publié dans le journal local une annonce sollicitant les commentaires du public pendant une période de trente jours, mais elle n’a pas reçu un seul commentaire. La réaction des 1 000 habitants de Tubac les a donc pris par surprise : les citadins craignaient que le poste de contrôle ait des conséquences négatives pour les hôtels de charme, les galeries d’art et les complexes de golf qui soutiennent l’économie locale. Un boutiquier local, Old Presidio Traders, a imprimé des affiches sur lesquelles on pouvait lire « Sécurisez la frontière à la frontière » - et pas à Tubac, à plus de 40 kilomètres de la ligne de démarcation - et avec une carte des USA aux couleurs du drapeau. Les habitants de la région les ont brandies lors de leurs manifestations. À une occasion, une douzaine de personnes les ont collées sur les vitres de leur voiture et ont franchi et refranchi le poste de contrôle en masse, encore et encore, pendant des heures.


La plus grande crainte des Tubaqueños était que la présence d’une installation plus proche d’une base militaire que d’un poste de police ne porte préjudice au marché immobilier des villes de Tubac, Green Valley et Sahuarita, toutes des “exurbs” - ou banlieues éloignées - de Tucson dont la population a augmenté rapidement avec l’afflux de retraités et de familles à la recherche d’un logement abordable.

Malgré l’allusion gouvernementale de son nom, le Santa Cruz Valley Citizens Council (Conseil des citoyens de la vallée de Santa Cruz) - le groupe qui a mené l’opposition au point de contrôle - n’aurait pas pu être plus éloigné d’une entité bureaucratique. Il a été fondé dans les années 1980 dans le but de protéger les intérêts des associations de propriétaires (entités privées qui gèrent les lotissements et autres types de propriétés, exerçant souvent le type d’autorité que l’on associe à l’État, et qui sont connues aux USA pour leurs règles strictes et protectionnistes) dans la région. Le directeur des ventes de l’agence immobilière Brasher Realty - l’un des membres fondateurs du conseil des citoyens - a déclaré à un journal local que le barrage routier avait causé des pertes de plus de 5 millions de dollars : de nombreux acheteurs ont résilié leur contrat après avoir appris qu’ils devraient avoir à passer par le BPIC presque tous les jours.

Pour répondre aux protestations, la représentante démocrate Gabrielle Giffords a introduit une clause dans le projet de loi de finances 2009 qui interdisait au ministère de la sécurité intérieure de finaliser les plans visant à établir un BPIC permanent - mais pas nécessairement temporaire - dans le secteur de Tucson jusqu’à ce que le Government Accountability Office (GAO , Bureau de contrôle des comptes publics du Congrès) procède à une évaluation complète de tous les points de contrôle fixes dans le sud-est des USA. Les opposants au BPIC ont calculé que, dans le meilleur des cas, la législation de Mme Giffords interromprait la construction du poste de contrôle pendant deux ou trois ans. Mais aujourd’hui, treize ans après son ouverture en 2010, le pavillon temporaire est toujours là, près de la borne kilométrique 42 de l’ I-19.[2]

En août 2009, le GAO a publié l’évaluation des BPIC demandée par la loi Giffords. Si les enquêteurs ont conclu que les points de contrôle contribuaient à la mission de la patrouille frontalière, ils ont également noté que l’agence avait été si négligente dans la collecte des données requises par la loi qu’il était impossible de déterminer l’efficacité des points de contrôle. Dans un cas, les agents d’un BPIC avaient déclaré toutes les arrestations effectuées dans les 50 kilomètres carrés autour du point de contrôle comme si elles avaient eu lieu dans l’installation du point de contrôle. Dans un autre cas, les agents de patrouille étaient censés déclarer le nombre d’arrestations qu’ils avaient transmises au bureau du procureur des USA - l’idée étant d’évaluer l’efficacité de la patrouille frontalière dans la lutte contre le terrorisme -, mais au lieu de cela, ils ont déclaré le nombre de cas transmis à n’importe quel organisme chargé de l’application de la loi. Les fonctionnaires du secteur de Tucson ont refusé de communiquer leurs statistiques sur les arrestations et les passages clandestins, au motif que le partage de ces informations pourrait profiter à ceux qui cherchent à se soustraire au contrôle. En l’absence de preuves de l’efficacité des points de contrôle intérieurs, le GAO n’a pas pu affirmer que le secteur de Tucson avait atteint ses objectifs, mais il n’a pas non plus pu affirmer qu’il ne les avait pas atteints.

Pendant ce temps, les habitants de Tubac et d’autres villes proches du BPIC continuaient à se plaindre de la baisse de la valeur de leurs propriétés et du déclin de leur industrie touristique.

« Il est impossible que cela n’ait pas affecté nos entreprises depuis qu’il a été installé », a déclaré Garry Hembree, alors président de la chambre de commerce de Tubac, à l’Associated Press en 2012. « Je ne comprends pas comment ils ont pu le faire sans en tenir compte ».


La même année, en 2012, une étude de l’Udall Institute for Public Policy Research de l’université de l’Arizona a conclu que les habitants de Tubac avaient raison : le poste de contrôle avait en effet eu un impact négatif sur l’économie immobilière de la région. Ce rapport a, semble-t-il, sonné le glas du projet de checkpoint géant.

Fidèle au vieil adage selon lequel everything is bigger in Texas, tout est plus grand au Texas, le plus grand BPIC des USA est désormais situé à Falfurrias, une ville de l’État de l’étoile solitaire située sur l’autoroute 281, à une centaine de kilomètres au nord de McAllen. La région est devenue tristement célèbre en 2012 en raison d’une forte augmentation du nombre de décès de migrants. Malgré les protestations des militants, qui ont averti que le BPIC proposé obligerait de nombreux migrants à emprunter des itinéraires encore plus dangereux, le ministère de la sécurité intérieure a décidé de poursuivre le projet d’agrandissement du poste de contrôle. Les responsables de la patrouille frontalière ont fait valoir que la construction du poste de contrôle était impérative en raison du nombre croissant de semi-remorques se déplaçant vers le nord depuis les maquiladoras de la zone frontalière du Mexique.

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Affichage des résultats de l'entreprise Border Patrol : 57 000 kilos de drogues, 16785 étrangers sans documents

Le BPIC de Falfurrias a coûté 30 millions de dollars et a ouvert ses portes en mai 2019. Il dispose de huit voies d’inspection, de niches pour chiens et d’une nouvelle technologie appelée “portails Z”, qui capture des radiographies d’une voiture sous six angles simultanément et qui n’était auparavant utilisée qu’aux points d’entrée à la frontière proprement dite. Les patrouilleurs, qui s’ennuient terriblement lorsque c’est leur tour de gérer le poste de contrôle, l’appellent “Falcatrazz”, en référence à la célèbre prison californienne.

Susan Kibbe, présidente de la South Texas Private Property Rights Association, m’a confié lors d’un récent entretien que les propriétaires terriens locaux n’ont pas protesté contre la construction du BPIC de Falfurrias. Les voisins, m’a-t-il expliqué, auraient préféré que la patrouille frontalière s’en tienne à la surveillance de la frontière (Falfurrias se trouve à 120 kilomètres de Reynosa), mais ils s’étaient désormais habitués au poste de contrôle. Ils ne sont pas aussi préoccupés par la valeur de leurs biens immobiliers, ajoute-t-elle, car la plupart des propriétés de la région « sont de grands ranchs qui ne seront pas vendus ; ils restent dans la famille pendant de nombreuses générations ». Cependant, Mme Kibbe a ajouté qu’elle et ses voisins n’apprécient pas le fait que, malgré les millions qu’a coûté la construction du BPIC, il n’y a souvent que deux ou trois des huit couloirs occupés par des agents. Les autres restent fermés.

Depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA, la frontière entre les USA et le Mexique est devenue plus bruyante, plus pavée et plus violente. Cette intensification des tensions dans la région frontalière se manifeste par des détails aussi divers que la perte d’habitats naturels de la faune et l’augmentation de l’asthme chez les enfants de la vallée du Rio Bravo/Grande. La transformation de la frontière est également évidente dans l’expansion constante des installations des forces de l’ordre usaméricaines qui, malgré leur efficacité douteuse, continuent de se multiplier. Quelle que soit la taille des postes de contrôle, l’immigration et la contrebande sont inéluctables. L’idée d’une frontière “fermée” est un fantasme.

Il se peut donc que la tente métallique de l’I-19 soit finalement aussi efficace que le poste de contrôle géant de Falfurrias. Nous ne le saurons jamais : nous n’avons aucun moyen d’estimer avec certitude combien de personnes traversent le désert sans être détectées ou combien de tonnes de drogue sont cachées dans les soutes de camions non inspectés. Dans la contradiction architecturale entre la vision pantagruélique du poste de contrôle de l’I-19 et sa réalité déprimée, les contradictions de l’accord de libre-échange qui a transformé la région prennent une forme tangible.

 Notes


[1] Selon le Government Accountability Office (GAO), les arrestations augmentent considérablement dans les mois qui suivent l'ouverture d'un de ces points de contrôle permanents, mais chutent à nouveau dès que les guides apprennent leur existence et trouvent des moyens de les contourner.

[2] En raison d'un accident de l'histoire - la tentative ratée d'établir le système métrique aux USA - les cent miles de la I-19 traversant Tubac sont le seul tronçon de route de tout le pays marqué en kilomètres. Parallèlement à leur lutte contre le poste de contrôle, les habitants se sont organisés pour rejeter une initiative qui aurait modifié la signalisation dans leur région pour l'aligner sur celle du reste des USA, arguant que l'imposition du système impérial [hérité des Britanniques], comme la construction du BPIC, aurait des conséquences négatives pour l'industrie touristique locale.

CarolineTracey, originaire de Denver, Colorado, est docteure en géographie de l’université de Californie à Berkeley et vit entre Tucson, Arizona et Mexico. Elle se définit comme auteure aridaméricaine Elle couvre le questions d’environnement, de géographie humaine et frontalières du Sud-Ouest des USA et du Mexique pour le mensuel High Country News et est rédactrice de chef de Zócalo Public Square. Son premier livre, Salt Lakes -un recueil de 18 essais offrant une perspective queer sur le changement climatique dans les environnements arides - sera publié en 2026 par Norton Publishers.  @ce_tracey

 

23/03/2024

GIDEON LEVY
Ofer, le Guantanamo israélien : Munther Amira témoigne

 Gideon Levy &  Alex Levac (photos), Haaretz, 23/3/2024
Traduit par Fausto Giudice
, Tlaxcala

Violences, humiliations, surpopulation effroyable, cellules froides et stériles, entraves pendant des jours. Un Palestinien qui a passé trois mois en détention administrative israélienne pendant la guerre de Gaza décrit son expérience de la prison d’Ofer.

Munther Amira, chez lui dans le camp d’Aida cette semaine, après sa libération de la prison d’Ofer. « J’avais déjà été à Ofer, mais ça n’avait jamais été comme ça ».

Munther Amira a été libéré de “Guantanamo”. Il avait déjà été arrêté à plusieurs reprises par le passé, mais ce qu’il a vécu lors de son incarcération dans une prison israélienne pendant la guerre de Gaza ne ressemble à rien de ce qu’il a pu vivre auparavant. Un ami qui a passé 10 ans dans une prison israélienne lui a dit que l’impact de sa propre incarcération au cours des trois derniers mois équivalait à 10 ans de prison en temps “normal”.

Le témoignage détaillé qu’Amira nous a livré cette semaine dans sa maison du camp de réfugiés d’Aida, à Bethléem, était choquant. Il a exprimé son calvaire avec son corps, s’agenouillant à plusieurs reprises sur le sol, décrivant les choses dans les moindres détails, sans aucun sentiment, jusqu’à ce que les mots deviennent insupportables. Il était impossible de continuer à écouter ces descriptions atroces.

Mais il semblait avoir attendu l’occasion de raconter ce qu’il avait enduré dans une prison israélienne au cours des derniers mois. Les descriptions se succédaient sans interruption - horreur sur horreur, humiliation sur humiliation - à mesure qu’il décrivait l’enfer qu’il avait vécu, dans un anglais courant entrecoupé de termes hébraïques relatifs à la prison. En trois mois, il a perdu 33 kilos.

Deux grandes photos trônent dans son salon. L’une représente son ami Nasser Abu Srour, emprisonné depuis 32 ans pour le meurtre d’un agent du service de sécurité du Shin Bet ; l’autre le représente le jour de sa libération, il y a exactement deux semaines. Cette semaine, Amira est apparu physiquement et mentalement résilient, semblant être une personne différente de celle qu’il était le jour de sa sortie de prison.

Amira chez lui cette semaine. Ce qu’il a vécu lors de son incarcération dans une prison israélienne pendant la guerre dans la bande de Gaza est différent de tout ce qu’il a connu dans le passé.

Amira a 53 ans, il est marié et père de cinq enfants. Il est né dans ce camp de réfugiés, dont la population comprend les descendants des habitants de 27 villages palestiniens détruits. Il a conçu la grande clé du retour qui est accrochée à la porte d’entrée du camp et qui porte l’inscription « Pas à vendre ». Amira est un militant politique qui croit en la lutte non violente, un principe qu’il défend toujours, même après le nombre considérable de morts à Gaza pendant la guerre, souligne-t-il. Membre du Fatah, il travaille au Bureau des colonies et de la clôture de l’Autorité palestinienne et est diplômé de la faculté des sciences sociales de l’université de Bethléem.

18 décembre 2023, 1 heure du matin. Bruits sourds. Amira regarde par la fenêtre et voit des soldats israéliens frapper son jeune frère Karim, âgé de 40 ans. Les soldats traînent Karim au deuxième étage, dans l’appartement d’Amira, et le jettent à terre au milieu du salon. Amira affirme que son frère s’est évanoui. Karim est le directeur administratif du service de cardiologie de l’hôpital Al-Jumaya al-Arabiya de Bethléem, et il n’est pas habitué à ce genre de violence.

Le Déserteur, le nouveau blog de Franco “Bifo” Berardi

« Ce ne sont pas quelques porteurs de peste (untorelli) qui déracineront Bologne » (Enrico Berlinguer, secrétaire général du PCI, septembre 1977). Franco Berardi, alias Bifo, fut l’un des untorelli qui déclenchèrent la panique dans les rangs du Parti communiste italien, qui administrait la bonne ville de Bologne, menacée par les hordes de la jeunesse soulevée.

 

Né en 1949, créateur de Radio Alice, Bifo fut une des figures de l’aile créative de ce mouvement de l’Autonomie ouvrière que la répression, à laquelle le PCI contribua résolument, ne tarda pas à décimer. Exilé comme des centaines d’autres en France, il travaille avec Foucault et Guattari avant de retourner en Italie puis de passer plusieurs années aux USA. Il a ensuite enseigné la philosophie dans un lycée de Bologne. Début mars 2024, Bifo s’est résolu à créer un blog appelé Il Disertore, en hommage au Déserteur de Boris Vian, dont nous avons décidé de traduire les articles en français. On peut lire de Bifo en français :

20/03/2024

Lives Ended in Gaza

RICK STERLING
De Dallas à Gaza : L’assassinat de John Kennedy fut une bonne chose pour les dirigeants sionistes de l’État d’Israël

Rick Sterling, Mintpressnews, 13/12/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le président John F. Kennedy a été assassiné il y a soixante ans [22 novembre 1963]. S’il avait vécu et obtenu un second mandat, le conflit israélo-palestinien aurait évolué différemment. La voie vers l’apartheid israélien et le génocide à Gaza aurait peut-être pu être évitée.

Le président John F. Kennedy rencontre le Premier ministre israélien David Ben-Gourion à l’hôtel Waldorf de New York, le 30 mai 1961. Photo AP photoshopée par MintPress News

Au cours de son court mandat, Kennedy a considérablement modifié la politique étrangère des USA. Comme le montre le livre “JFK and the Unspeakable : Why He Died and Why It Still Matters” de James Douiglass, JFK a résisté à la CIA et au complexe militaro-industriel dans les politiques qu’il a définies à l’égard du tiers-monde et de l’Union soviétique. La guerre du Viêt Nam, l’assassinat du président indonésien Sukarno et l’hostilité persistante à l’égard de Cuba et de l’Union soviétique n’auraient pas eu lieu si Kennedy avait vécu et obtenu un second mandat.

Ce qui est moins connu, c’est que la politique de Kennedy s’est également opposée aux ambitions militaires et politiques de l’Israël sioniste. À l’époque, Israël n’existait que depuis treize ans. Il était encore en pleine évolution et la voie n’était pas encore tracée. La communauté internationale était résolue à trouver une solution de compromis concernant les réfugiés palestiniens de la Nakba de 1948. Lorsqu’Israël a attaqué l’Égypte et s’est emparé de la péninsule du Sinaï en 1956, l’administration Eisenhower a exigé qu’Israël se retire du territoire capturé. Israël s’est exécuté.

À cette époque, au début des années 1960, d’éminentes voix juives ont critiqué le racisme et la discrimination du gouvernement israélien. Des Israéliens comme Martin Buber ont attaqué Ben-Gourion et noté que « lors de la création de l’État, une égalité totale avec les citoyens juifs a été promise à la population arabe ». De nombreux Israéliens influents ont compris que leur sécurité et leur bien-être à long terme dépendaient de la recherche d’un règlement équitable avec la population palestinienne indigène.

Aux USA, la communauté juive était divisée et beaucoup étaient antisionistes. L’American Council for Judaism était influent et anti-nationaliste. Le caractère raciste et agressif d’Israël n’était pas encore gravé dans le marbre. Le soutien des Juifs usaméricains à Israël ne l’était pas non plus. Lorsque Menachem Begin est venu aux USA en 1948, d’éminentes personnalités juives, dont Albert Einstein, l’ont dénoncé. Selon eux, Begin, qui deviendra plus tard Premier ministre d’Israël, était un “terroriste” qui prêchait “un mélange d’ultra-nationalisme, de mysticisme religieux et de supériorité raciale”. De nombreux Juifs usaméricains avaient des sentiments mitigés et ne s’identifiaient pas à Israël. D’autres soutenaient Israël, mais à condition qu’il y eût une paix avec les autochtones palestiniens.

Il existe quatre domaines clés dans lesquels la politique de Kennedy différait sensiblement de celle qui a suivi sa mort.

John F. Kennedy rencontre des membres de l’American Jewish Committee dans le bureau ovale, avril 1962. Photo : Bibliothèque présidentielle JFK

 Kennedy n’était pas partial à l’égard d’Israël

L’administration Kennedy cherchait à établir de bonnes relations avec Israël et les pays arabes. Kennedy souhaitait étendre l’influence des USA à l’ensemble du Moyen-Orient, y compris aux pays amis de l’Union soviétique et en désaccord avec les partenaires de l’OTAN.

JFK a personnellement soutenu le nationalisme arabe et africain. En tant que sénateur, en 1957, il a critiqué l’administration Eisenhower pour avoir soutenu et envoyé des armes à la France dans sa guerre contre le mouvement d’indépendance algérien. Dans une présentation de 9 000 mots à la commission sénatoriale des Affaires étrangères, il a critiqué « l’impérialisme occidental » et a appelé les USA à soutenir l’indépendance de l’Algérie. Le président algérien Ben Bella, que la France avait tenté d’assassiner et qui était considéré comme beaucoup trop radical par de nombreux membres de l’OTAN, a reçu un accueil impressionnant à la Maison Blanche.

Kennedy a modifié les relations glaciales qu’il entretenait auparavant avec la République arabe unie (Égypte et Syrie) dirigée par Gamal Abdel Nasser. Pour la première fois, les USA ont approuvé des prêts en leur faveur. Kennedy a écrit des lettres respectueuses aux présidents arabes avant d’accueillir le Premier ministre israélien Ben Gourion à Washington. Les dirigeants arabes ont vu la différence et ont réagi avec reconnaissance. Ceux qui prétendent qu’il n’y avait pas de différence entre Kennedy et ses prédécesseurs ignorent que Nasser, Ben Bella et d’autres dirigeants nationalistes ont vu une grande différence.

En 1960, alors que Kennedy faisait campagne pour la présidence, il a pris la parole lors de la convention des sionistes d’Amérique. Il fait des remarques élogieuses sur Israël, mais exprime également le besoin d’amitié avec tous les peuples du Moyen-Orient. Il a déclaré que les USA devaient « agir rapidement et de manière décisive contre toute nation du Moyen-Orient qui attaque son voisin » et que « le Moyen-Orient a besoin d’eau, pas de guerre ; de tracteurs, pas de chars ; de pain, pas de bombes ».

Kennedy a dit franchement aux sionistes : « Je ne peux pas croire qu’Israël ait un réel désir de rester indéfiniment un État de garnison entouré de peur et de haine ». En maintenant l’objectivité et la neutralité sur le conflit israélo-arabe, Kennedy voulait éloigner les sionistes juifs des impulsions racistes, agressives et ultranationalistes qui nous ont conduits là où nous sommes aujourd’hui.

Kennedy voulait qu’Israël suive les règles

La deuxième différence dans la politique de Kennedy concerne le lobbying sioniste en faveur d’Israël. En vertu de la loi sur l’enregistrement des agents étrangers (FARA), les organisations qui promeuvent un gouvernement étranger ou font pression en son nom doivent s’enregistrer et rendre compte de leurs finances et de leurs activités. Sous la direction du procureur général Robert Kennedy, le ministère de la Justice a demandé à l’American Zionist Council (AZC) de s’enregistrer en tant qu’agent d’un pays étranger. L’AZC est l’organisation mère de l’American Israel Public Affairs Council (AIPAC).