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22/06/2025

GIDEON LEVY
Est-il légitime de tuer un chef d’État ?

Gideon LevyHaaretz, 22/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

Est-il légitime de discuter de l’assassinat du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei ? Est-il légitime de tuer un chef d’État, sauf dans de très rares cas ? Si oui, quels chefs d’État sont des cibles légitimes et lesquels ne le sont pas, et qui en décide ? Qui peut affirmer que Khamenei peut être assassiné, mais pas Benjamin Netanyahou ? Que Vladimir Poutine peut être tué, mais pas Donald Trump ? Lequel de ces deux hommes représente le plus grand danger pour le monde ? Tout dépend du point de vue de chacun.

Rick McKee


Quels scientifiques peuvent être tués ? Les scientifiques nucléaires iraniens, oui, les scientifiques nucléaires israéliens, non ? Sur quelle base ? Les deux groupes sont des scientifiques au service de l’industrie la plus monstrueuse qui soit, celle du meurtre. Cela conduit naturellement à la question de savoir si un pays a le droit de posséder des armes nucléaires alors qu’un autre ne l’a pas.

Après tout, le niveau de dangerosité d’un pays peut changer. L’Iran n’a pas toujours été un pays dangereux, et Israël ne sera pas toujours un pays sans danger. Il y a déjà beaucoup de politiciens fous en Israël qui représentent un risque pour toute la région. Serait-il légitime de leur confier le code secret ? Serait-il légitime de les assassiner ?

Ces questions sont extrêmement sensibles ; Israël évite d’en discuter et élude les réponses, invoquant l’argument sacré : « Comment pouvez-vous même comparer ? » Israël ne peut être comparé à aucune autre entité dans le monde. Yigal Amir, qui a assassiné l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, estimait que Rabin représentait une menace existentielle pour l’État d’Israël. Peu d’Israéliens pensent que cela donnait à Amir le droit d’assassiner le Premier ministre.

Aujourd’hui, Israël considère que Khamenei représente une menace existentielle et qu’il est donc permis de l’assassiner : « assassiner » est le mot correct ici, le plus précis. Si l’on met de côté l’hypothèse qu’Israël s’est inventée, selon laquelle il est permis de faire ce qui est interdit au reste du monde, il est très difficile de répondre à ces questions. L’argument selon lequel Israël est un cas particulier, parce que tout nous est permis, parce que nous sommes les survivants de l’Holocauste et du massacre du 7 octobre, ne tient pas la route. Le monde commence également à s’en lasser. La réponse à ces questions doit être universelle.

Israël invoque une comparaison entre Khamenei et Hitler pour justifier l’assassinat imminent. Il est clair qu’Hitler devait être éliminé, mais Khamenei n’est pas Hitler. Israël affirme qu’il s’abstient de nuire aux civils. Khamenei est un civil, pas le chef d’état-major ou un général. Nous pouvons également mettre de côté momentanément la question de la légitimité et nous demander s’il est sage de le tuer.

La guerre en Iran est sur le point de se compliquer. Yaniv Kubovich a rapporté que les responsables militaires israéliens affirment soudainement qu’Israël ne peut être soumis à un délai. C’est ainsi que l’on commence à s’enfoncer dans le marécage. Assassiner Khamenei ne ferait qu’empirer les choses.

Pendant ce temps, le ministre de la Défense joue à Dieu. À ce titre, Isrel Katz a annoncé que Khamenei ne pouvait pas être autorisé à « continuer d’exister ». Quels sont les critères de Katz pour être autorisé à « exister » ? Décide-t-il qui doit vivre et qui doit mourir ? Une cour céleste dirigée par un membre ridicule du cabinet israélien ? Le ministre iranien de la Défense est-il autorisé à menacer son homologue israélien de mort ?

Les commentateurs des studios d’information israéliens parlent de la « chasse aux scientifiques » en Iran, faisant peut-être allusion à la chasse aux scientifiques allemands menée par le Mossad en Égypte dans les années 1960. La terminologie a son importance, et elle est aussi ignoble que les propos du ministre de la Défense. On ne « chasse » pas les scientifiques, car ce ne sont pas des animaux (dont la chasse est également horrible), même s’ils sont iraniens.

Les appels à l’assassinat de chefs d’État ne sont légitimes de la part d’aucune partie. Notre Netanyahou est désormais responsable du meurtre de dizaines de milliers de personnes à Gaza. Est-il permis d’appeler à son assassinat afin de sauver ce qui reste de la nation là-bas ? De nombreux Israéliens pensent également qu’il est un tyran, qu’il détruit le pays et ruine la démocratie israélienne, qu’il est le Juif le plus méprisable de l’histoire et lui adressent une foule d’autres insultes – mais personne, espérons-le, n’imagine même discuter de son assassinat.

Le débat sur l’élimination de Khamenei ouvre la voie à la légitimité : désormais, il est permis d’assassiner des chefs d’État. La seule question qui reste à débattre est de savoir qui est une cible légitime et qui ne l’est pas. Les Israéliens ne le sont pas.

Le plan de bataille initial pour une nouvelle guerre contre l’Iran
Ce que des “sources fiables” à Washington ont murmuré à l’oreille de Seymour Hersh

Cet article, publié par  son auteur le 19 juin, a vu ses prévisions confirmées - FG, Tlaxcala

Seymour Hersh, 19/6/2025

Le guide suprême iranien Ali Khamenei assiste à une cérémonie marquant le trente-sixième anniversaire de la mort de Ruhollah Khomeini au mausolée Khomeini à Téhéran, le 4 juin. Photo Bureau de presse du guide iranien

Voici un rapport sur ce qui va très probablement se passer en Iran, dès ce week-end, selon des initiés israéliens et des responsables usaméricains qui ont été des sources fiables depuis des décennies. Cela impliquera de lourds bombardements usaméricains. J’ai vérifié ce rapport auprès d’un fonctionnaire usaméricain de longue date à Washington, qui m’a dit que tout serait « sous contrôle » si le guide suprême iranien Ali Khamenei « disparaissait ». On ne sait pas exactement comment cela pourrait se produire, à moins qu’il ne soit assassiné. On a beaucoup parlé de la puissance de feu usaméricaine et des cibles en Iran, mais, pour autant que je sache, peu de réflexions pratiques ont été menées sur la manière de se débarrasser d’un chef religieux vénéré qui compte d’énormes partisans.

Je couvre à distance la politique nucléaire et étrangère d’Israël depuis des décennies. Mon livre publié en 1991, The Samson Option, raconte l’histoire de la fabrication de la bombe nucléaire israélienne et la volonté des USA de garder ce projet secret. La question la plus importante qui reste sans réponse concernant la situation actuelle est la réaction du monde, y compris celle de Vladimir Poutine, le président russe qui est un allié des dirigeants iraniens.

Les USA restent le plus important allié d’Israël, même si beaucoup de personnes ici aux USA et dans le monde entier abhorrent la guerre meurtrière que mène Israël à Gaza. L’administration Trump soutient pleinement le plan actuel d’Israël visant à éliminer toute trace de programme d’armement nucléaire en Iran, tout en espérant que le gouvernement dirigé par les ayatollahs à Téhéran sera renversé.

On m’a dit que la Maison Blanche avait donné son feu vert à une campagne de bombardements intensifs sur l’Iran, mais les cibles ultimes, les centrifugeuses enfouies à au moins quatre-vingts mètres sous terre à Fordow, ne seront pas frappées avant le week-end, à l’heure où j’écris ces lignes. Ce report est dû à l’insistance de Trump, car le président souhaite que le choc du bombardement soit atténué autant que possible à l’ouverture de la Bourse de Wall Street lundi. (Trump a contesté ce matin sur les réseaux sociaux un article du Wall Street Journal affirmant qu’il avait décidé d’attaquer l’Iran, écrivant qu’il n’avait pas encore pris de décision quant à la marche à suivre).

Fordow abrite la majorité des centrifugeuses les plus avancées d’Iran qui, selon les derniers rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique, dont l’Iran est signataire, ont produit 900 livres [=408 kg.] d’uranium enrichi à 60 %, soit un peu moins que le niveau requis pour la fabrication d’armes nucléaires.

Les dernières frappes aériennes israéliennes sur l’Iran n’ont pas cherché à détruire les centrifugeuses de Fordow, qui sont stockées à au moins 80 mètres sous terre. Il a été convenu, mercredi, que des bombardiers usaméricains équipés de bombes capables de pénétrer à cette profondeur commenceront à attaquer les installations de Fordow ce week-end.

Ce délai permettra aux forces militaires usaméricaines présentes au Moyen-Orient et en Méditerranée orientale (il y a plus d’une vingtaine de bases aériennes et navales usaméricaines dans la région) de se préparer à d’éventuelles représailles iraniennes. On suppose que l’Iran dispose encore de certaines capacités en matière de missiles et d’aviation qui figureront sur les listes de bombardement usaméricaines. « C’est l’occasion de se débarrasser une fois pour toutes de ce régime », m’a déclaré aujourd’hui un responsable bien informé, « alors autant voir les choses en grand ». Il a toutefois précisé qu’il ne s’agirait pas d’un bombardement intensif.

Les bombardements prévus ce week-end auront également de nouvelles cibles : les bases des Gardiens de la révolution, qui ont contré ceux qui faisaient campagne contre les dirigeants révolutionnaires depuis le renversement violent du shah d’Iran au début de 1979.

Les dirigeants israéliens, sous la houlette du Premier ministre Benjamin Netanyaohu, espèrent que les bombardements fourniront « les moyens de créer un soulèvement » contre le régime iranien actuel, qui a montré peu de tolérance envers ceux qui défient les dirigeants religieux et leurs édits. Les commissariats de police iraniens seront frappés. Les bureaux gouvernementaux qui abritent les dossiers des dissidents présumés en Iran seront également attaqués.

Les Israéliens espèrent apparemment aussi, si j’ai bien compris, que Khamenei fuira le pays et ne tiendra pas bon jusqu’au bout. On m’a dit que son avion personnel avait quitté l’aéroport de Téhéran tôt mercredi matin à destination d’Oman, accompagné de deux avions de chasse, mais on ne sait pas s’il était à bord.

Seuls deux tiers des 90 millions d’Iraniens sont persans. Les plus grands groupes minoritaires comprennent les Azéris, dont beaucoup ont depuis longtemps des liens secrets avec la CIA, les Kurdes, les Arabes et les Baloutches. Les Juifs constituent également une petite minorité dans ce pays. (L’Azerbaïdjan abrite une grande base secrète de la CIA pour ses opérations en Iran).

Le retour du fils du shah, qui vit actuellement en exil près de Washington, n’a jamais été envisagé par les stratèges usaméricains et israéliens, m’a-t-on dit. Mais il a été question, au sein du groupe de planification de la Maison Blanche dont fait partie le vice-président J.D. Vance, d’installer un leader religieux modéré à la tête du pays si Khamenei était destitué. Les Israéliens se sont vivement opposés à cette idée. « Ils se fichent complètement de la question religieuse, mais exigent une marionnette politique à contrôler », a déclaré ce fonctionnaire usaméricain de longue date. « Nous sommes en désaccord avec les Izzies [Israéliens en argot washingtonien] sur ce point. Il en résulterait une hostilité permanente et des conflits futurs à perpétuité, Bibi essayant désespérément d’attirer les USA comme allié contre tout ce qui est musulman, en utilisant le sort des citoyens comme appât propagandiste. »

On m’a dit que les services de renseignement usaméricains et israéliens espèrent que des éléments de la communauté azérie se joindront à une révolte populaire contre le régime au pouvoir, si celle-ci venait à se développer pendant les bombardements israéliens. On pense également que certains membres des Gardiens de la révolution se joindraient à ce qui pourrait être, selon mes informations, « un soulèvement démocratique contre les ayatollahs », une aspiration de longue date du gouvernement usaméricain. Le renversement soudain et réussi de Bachar al-Assad en Syrie a été cité comme un modèle potentiel, bien que la chute d’Assad soit survenue après une longue guerre civile.

Il est possible que les bombardements massifs israéliens et usaméricains plongent l’Iran dans un état d’échec permanent, comme cela s’est produit après l’intervention occidentale en Libye en 2011. Cette révolte a abouti au meurtre brutal de Mouammar Kadhafi, qui maintenait sous contrôle les tribus disparates du pays. L’avenir de la Syrie, de l’Irak et du Liban, tous victimes d’attaques extérieures répétées, est loin d’être réglé.

Donald Trump souhaite clairement remporter une victoire internationale qu’il pourra exploiter. Pour y parvenir, lui et Netanyahou mènent les USA vers des horizons inédits.

21/06/2025

Hammouchi (DGSN/DGST) contre Mansouri (DGED) : la guerre des barbouzes bat son plein et fait des victimes collatérales

Ignacio Cembrero, El Confidencial, 19/6/2025

Traduit par Tafsut Aït Baâmrane

Écouter résumé audio

Listen to our podcast The Power Struggle Within Moroccan Intelligence: A Deep Dive into Hammouchi and Mansouri

Des dizaines de personnes proches de Mehdi Hijaouy, ancien « numéro 2 » de l’agence de renseignement extérieur marocaine, dont deux commissaires, ont été arrêtées et emprisonnées. La répression touche les membres des familles, ce qui n’était pas le cas pour les opposants.


Abdellatif Hammouchi, 59 ans, le super-flic du Maroc, fait la une des médias marocains tous les jours. Journaux et télévisions glorifient son succès lors des journées portes ouvertes organisées par la Sûreté Nationale en mai à El Jadida, avec 2,4 millions de visiteurs, ou son intervention à la 13e   rencontre internationale des hauts représentants chargés des questions de sécurité à Moscou, qui consolide « son rôle de figure centrale dans le domaine de la sécurité et du renseignement au niveau planétaire ».

Dans les coulisses, Hammouchi livre cependant une guerre sans merci contre la Direction Générale des Études et de la Documentation (DGED), le service secret extérieur dirigé par Yassine Mansouri. Cela a commencé par l’arrestation de dizaines de collaborateurs, amis et même  membres de la famille de Mehdi Hijaouy, 52 ans, qui fut en son temps le « numéro deux » de la DGED. Maintenant, c’est au tour de Yassine Mansouri, le directeur de la DGED. Le journal Barlamane, porte-parole fidèle de l’appareil de sécurité, a demandé samedi qu’une enquête soit ouverte sur l’acquisition de ses propriétés.


Mansouri avait déjà disparu de la salutation protocolaire au roi Mohammed VI à Tétouan à l’occasion de l’Aïd el-Adha, la plus grande fête de l’islam célébrée le samedi 7. Depuis, des rumeurs circulent sur sa disgrâce. Camarade de classe du roi Mohammed VI, Mansouri est en poste depuis 20 ans et était l’un des hommes les plus puissants du royaume.

Mehdi Hijaouy a fui le Maroc pour l’Espagne l’année dernière suite à de sérieux désaccords avec les autorités marocaines, qui ont demandé son extradition en septembre pour, entre autres motifs, avoir encouragé l’émigration illégale vers l’Espagne. Craignant d’être livré, il s’est rendu clandestinement en novembre dans un autre pays européen où il se cache.

La révélation de son séjour à Madrid a donné lieu à la publication d’une infinité d’articles injurieux dans la presse marocaine. « Mehdi Hijaouy : faux expert, vrai escroc », a titré, par exemple, Hespress, le journal numérique le plus lu, qui avait pourtant publié pendant des années des tribunes de l’ex-espion. Les journaux ont également mis en doute qu’il ait été le « numéro deux » de l’espionnage, le décrivant comme un simple pion. Claude Moniquet, un ancien agent de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure française, a cependant confirmé en mai sur les réseaux sociaux qu’il avait occupé ce poste. Il a loué au passage « son expérience et ses réflexions » consignées dans un livre. Hijaouy a même agi en tant que chef suprême de l’agence lorsque Mansouri, le directeur, était en congé maladie prolongé.

Les attaques de la presse contre Hijaouy n’ont été que la première salve. Ensuite, il y a eu de nombreuses autres offensives menées par la Brigade Nationale de la Police Judiciaire (BNPJ), un corps d’élite sous les ordres de Hammouchi. Celui-ci détient un grand pouvoir car il est non seulement à la tête de la Sûreté Nationale (police) mais aussi de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST), dédiée au contre-espionnage et à la lutte antiterroriste.

La BNPJ, qui mène habituellement de grandes enquêtes criminelles, se consacre désormais à élucider les prétendues irrégularités dans l’exploitation du centre de beauté Musky à Rabat, appartenant à l’épouse de Hijaouy, exilée à Madrid. Dans le cadre de ces enquêtes, la brigade policière a fini par convoquer la belle-sœur de Hijaouy, a fermé le centre, a également arrêté le chef de l’urbanisme et le directeur des services de la mairie de Rabat, qui avait accordé le permis d’ouverture, et a interrogé la mairesse de Rabat, Fatiha el Moudni.

Une vingtaine de victimes collatérales

Ces personnes n’ont pas été emprisonnées, mais dans le cercle d’amis de Hijaouy, plusieurs sont derrière les barreaux, purgeant, après un procès express, des peines de quelques années, mais pour des délits farfelus. Au Maroc, la justice n’est pas indépendante. Le cas le plus frappant est celui d’un commissaire de police, Khalid Bouatlaoui, 62 ans, qui a écopé de trois ans bien qu’il soitr le frère de Fouad Bouatlaoui, chef de la sécurité du prince héritier Moulay Hassan. Ce dernier a toujours montré son appréciation pour le travail du policier dédié à sa protection et a mis son veto à son transfert.

Au total, pour l’instant, une vingtaine de personnes ont été les victimes collatérales au Maroc de la fuite de Hijaouy du pays et de sa présence dans une cachette quelque part en Europe. La presse marocaine et les porte-parole officieux des autorités assurent, cependant, que Hijaouy comptait au moins deux collaborateurs connus à l’étranger. Les familles des deux hommes au Maroc sont également la cible de la redoutable brigade judiciaire. Le premier est Hicham Jerando, un youtubeur marocain basé à Montréal (Canada) d’où il lance des injures contre les autorités de Rabat, parfois émaillées d’informations sur de prétendus scandales de corruption étayées par des documents qu’il montre devant la caméra. L’une de ses sources serait Hijaouy lui-même qui se vengerait de cette manière.

Hicham Jerando a été condamné par contumace à 15 ans de prison par un tribunal de Rabat. Sept de ses proches ont été condamnés à des peines allant de deux mois à trois ans de prison pour complicité avec le prétendu diffamateur. Parmi eux figurent son neveu, qui passera trois ans en prison, et son beau-frère, condamné à deux ans. La police judiciaire a outrepassé ses droits et a même arrêté pendant quelques heures une nièce de Jerando, âgée de 14 ans, qui souffre d’une maladie rare. Comme elle ne pouvait pas la rendre à ses parents, les ayant arrêtés, elle a fini par l’interner dans un centre pour mineurs.


Mustafa Aziz dans un duo burlesque avec un autre personnage de karakouz, Farhat Mehenni, qui n'est rien moins que le “Président du 
Gouvernement Kabyle en Exil”

Le deuxième ami de Hijaouy à l’étranger est Mustafa Aziz, un homme d’affaires marocain octogénaire basé à Paris qui a travaillé pendant des années en Afrique pour le compte de Yassine Mansouri, le chef du service secret extérieur. Sa tâche consistait à recueillir un soutien à la « marocanité » du Sahara Occidental. Avec Hijaouy, il a récemment fondé « Le Maroc de demain », une association d’immigrés en Europe.

Avant que son fils Hadi ne soit condamné à deux ans, Mustafa Aziz a mis en ligne quelques vidéos dans lesquelles il exprime son incompréhension et son indignation que Rabat ait porté un coup si bas à quelqu’un comme lui qui s’est démené pour défendre discrètement les intérêts de son pays. Aziz est « un fugitif condamné pour fraude », lui a répondu la presse officielle marocaine, rappelant une escroquerie qu’il a commise il y a des années via l’une de ses entreprises.

Cyberattaques et révélations

De nombreux opposants marocains ont été emprisonnés dans des prisons officielles ou clandestines depuis que le pays a accédé à l’indépendance en 1956. Leurs familles souffrent de ces incarcérations pour de multiples raisons comme la difficulté à rendre visite aux détenus, l’isolement auquel ils sont soumis ou le manque de soins médicaux. Le système policier ne s’était cependant jamais acharné sur elles, comme c’est le cas actuellement avec les proches de Mehdi Hijaouy qui se sont retrouvés derrière les barreaux.

L’objectif de Hammouchi est d’abord de forcer Hijaouy à se taire– il détient des informations sur l’utilisation de Pegasus par le Maroc – puis à revenir et à se rendre, selon une source de renseignement européenne. Au milieu de cette série de règlements de comptes, des documents sur les actifs immobiliers de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, et, surtout, de Yassine Mansouri ont fait surface sur les réseaux.

Les révélations sont le produit d’un piratage par Jabaroot DZ, un prétendu groupe de hackers algériens, de la base de données de l’Agence Nationale de l’Enregistrement Foncier ou peut-être de Tawtik, une plateforme du Conseil National de l’Ordre des Notaires.

Mansouri a acquis au Maroc entre 2022 et 2023 des propriétés d’une valeur de 3,266 millions d’euros, selon ces documents, jamais démentis, qui circulent abondamment sur les réseaux sociaux. Le journaliste marocain Ali Lmrabet, exilé à Barcelone, a consacré une longue analyse sur sa chaîne YouTube pour tenter de démontrer que cet argent ne pouvait provenir de son salaire, équivalent à celui d’un ministre, et que son origine était autre.

De manière surprenante, le  journal Barlamane s’est rallié samedi aux soupçons du journaliste exilé. Il a même demandé l’ouverture d’une enquête sur l’acquisition par des fonctionnaires des propriétés figurant dans les documents piratés. Il ne donne pas de noms, mais il fait référence à Nasser Bourita et Yassine Mansouri. Dirigé par Mohamed Khabbachi, ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur, Barlamane est le journal de Hammouchi.

Le piratage du registre notarial a été le deuxième, en moins de deux mois, à révéler des données troublantes. Le précédent, en avril, visait la Trésorerie Nationale de la Sécurité Sociale et a mis au jour des informations sur ses deux millions d’affiliés, parmi lesquels Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi. Pour gérer Siger, le holding royal, il perçoit l’équivalent d’environ 120 000 euros par mois.

La dernière cyberattaque réussie a eu lieu le 8 juin et sa cible était le ministère de la Justice, dont des données sur 5 000 juges et 35 000 autres fonctionnaires ont été volées. Ces deux dernières attaques massives ont également été menées par les Algériens de Jabaroot DZ qui sont devenus un défi pour tous les services de sécurité du Maroc. Ils sont si efficaces pour infiltrer les bases de données que certains à Rabat soupçonnent qu’ils sont liés aux services secrets algériens.

 

 

 

20/06/2025

آنچه به من گفته شده است که در ایران چه اتفاقی خواهد افتاد: نخستین طرح و نقشه برای یک جنگ جدید

 

سیمور هرش- ۱۹ ژوئن ۲۰۲۵

ترجمه: ن. نوری زاده

گزارش سیمور هرش،(Seymour Hersh) روزنامه نگار معروف و بسیار با اعتبار امریکایی که در گذشته افشا گری‌های زیادی در مورد وقایع سیاسی مهمی از جمله کشتار"می‌ لای" (My Lai massacre) در ویتنام بدست ازتش آمریکا، و رسوایی که آمریکاییها در "آبو غریب" در عراق

 

علی خامنه‌ای رهبر ایران در مراسم سی و ششمین سالگرد درگذشت روح‌الله خمینی، بنیانگذار انقلاب ایران، در آرامگاه او در چهاردهم خرداد امسال حضور یافت.

به گفته مقامات اسرائیلی و مقامات آمریکایی که من دهه‌هاست که به اطلاعات آنان اتکا دارم، گزارش دادند که در اوایل این هفته احتمالا چه اتفاقی در ایران خواهد افتاد، اتفاقی که مستلزم بمباران شدید ایران از سوی آمریکا می باشد. من این گزارش را جهت بررسی با یک مقام قدیمی آمریکایی در واشنگتن در میان گذاشتم. او به من گفت اگر رهبر ایران علی خامنه‌ای برود (ترور شود) همه چیز «تحت کنترل» (آمریکا) در می آید. اما بعد از ترور او چه اتفاقی خواهد افتاد، مشخص نیست. در مورد قدرت آتش و اهداف آمریکا در داخل ایران صحبت های زیادی شده است، اما تا آنجا که من می توانم بگویم که چگونه می شود و می توان یک رهبر مذهبی محترم با طرفداران بسیار زیاد را برکنار (ترور) کرد، بطور عملی کمتر فکر شده است.

من چندین دهه است که در مورد سیاست هسته ای و خارجی اسرائیل گزارش تهیه کرده ام. کتاب من در سال 1991، با عنوان گزینه سامسون،(The Samson Option) داستانی که ساخت بمب هسته‌ای اسرائیل و تمایل آمریکا را برای پنهان نگه داشتن این پروژه را بیان می‌کند. مهمترین سوال بی پاسخ در مورد وضعیت کنونی، پاسخ جهان از جمله ولادیمیر پوتین، رئیس جمهور روسیه که از متحدان رهبران ایران بوده است، خواهد بود.(یعنی پنهان نگه داشتن بمب های هسته ای اسراییل)

اگرچه بسیاری در اینجا و در سراسر جهان از ادامه جنگ مرگبار اسرائیل در غزه متنفر و بی زار می باشند، با این حال آمریکا مهمترین متحد اسرائیل باقی می ماند و در پی آن نه تنها دولت ترامپ از طرح فعلی اسرائیل برای از میان بردن هرگونه برنامه تسلیحات هسته‌ای در ایران حمایت کامل می‌کند بلکه امیدوار است رژیم تحت رهبری آیت‌الله در تهران را سرنگون کند.

به من گفته شده است که کاخ سفید یک کمپین بمباران همه جانبه در ایران را امضا کرده است، اما اهداف نهایی این بمباران یعنی بمباران سانتریفیوژهایی که حداقل هشتاد متر زیر سطح فردو (Fordow) می باشند، تا زمان نوشتن این مقاله، تا آخر هفته مورد حمله قرار نخواهند گرفت. این تاخیر در بمباران فردود به اصرار ترامپ می باشد زیرا رئیس جمهور می خواهد با افتتاح معاملات وال استریت در روز دوشنبه، شوک ناشی از بمباران (فردود) تا حد ممکن کاهش یابد. (ترامپ صبح امروز در رسانه های اجتماعی از جمله گزارش وال استریت ژورنال در مورد حمله به ایران، گفت که هنوز از مسیری که باید طی شود (بمباران) تصمیم نگرفته است.)

در فردو پیشرفته‌ترین سانتریفیوژهای ایران قرار دارد، مکانی که طبق گزارش‌های اخیر آژانس بین‌المللی انرژی اتمی، که ایران یکی از امضاکنندگان آن می باشد، 900 پوند اورانیوم غنی‌شده تا 60 درصد در آنجا تولید شده است درصدی که نزدیک به سطح درجه (غنی سازی) تسلیحات (اتمی ) است.

اسرائیل در بمباران اخیر خود به ایران هیچ تلاشی برای از بین بردن سانتریفیوژهای فردو که حداقل هشتاد متر زیر زمین می باشند، انجام نداده است.  توافق شده است که روز چهارشنبه بمب‌افکن‌های آمریکایی بمب‌های سنگرشکن (bunker) با قابلیت نفوذ به عمق پناهگاه را (به منطقه) منتقل کنند تا در آخر این هفته حمله به تاسیسات فردو آغاز شود.

این تأخیر فرصتی برای آماده شدن ایران جهت انتقام‌جویی احتمالی (در صورت حمله آمریکا) ایجاد می کند.( تا به تاسیسات  نظامی ایالات متحده که بیش از دوجین پایگاه نیروی هوایی و دریایی درسراسر خاورمیانه و شرق مدیترانه دارد) حمله کند. فرض بر این است که ایران هنوز توانایی موشکی و نیروی هوایی دارد که بتواند تاسیسات نظامی ایالات متحده را بمباران کند. یکی از مقامات آگاه امروز به من گفت: «این فرصتی است برای یک بار و همیشه که این رژیم را از بین ببریم. بنابراین ما (آمریکا) ممکن است در این مورد به موفقیت بزرگی دست پیدا کنیم.» او گفت، با این حال، "این بمباران، بمباران اشباع یا بمبارانِ فرشی (carpet bombing) نخواند بود.  (بمباران فرشی به بمباران هواییِ بزرگ و همه‌جانبه‌ای که آسیب‌های زیادی را به بخشِ مشخصی از یک منطقه وارد می کند، گفته می شود)

بمباران برنامه‌ریزی‌شده آخر هفته در ایران اهداف جدیدی را خواهد زد از جمله پایگاه‌های سپاه پاسداران، می باشد  نیرویی نسامی که از زمان سرنگونی  شاه ایران در اوایل سال 1979 به سرکوب خشونت آمیز مخالفین رهبری انقلاب  پرداخته‌ است.

بنیامین نتانیاهو امیدوار است که بمباران ایران «وسیله‌ای برای ایجاد قیام» علیه رژیم کنونی را فراهم کند، رژیمی که تحمل کمی نسبت به افرادی دارد که از رهبری مذهبی و فرامین او سرپیچی می‌کنند. ( در این بمباران ها) پاسگاه های کلانتری، دفاتر دولتی که پرونده های مظنونان مخالفین را نگهداری می کنند نیز مورد حمله قرار خواهند گرفت.

به من گفته شده است که بازگرداندن پسر شاه که اکنون در تبعید در نزدیکی واشنگتن زندگی می کند،  مورد توجه برنامه ریزان آمریکایی و اسرائیلی قرار نگرفته است. اما در میان گروه برنامه ریزی کاخ سفید که شامل معاون رئیس جمهور جی.دی ونس (JD Vance) می باشد، این ایده که رهبران مذهبی معتدل جایگزین خامنه ای شووند مورد توجه قرار گرفته است. این ایده با مخالفت شدید  اسراییلی ها روبرو شد. این مقام باسابقه آمریکایی گفت که: «برای آنها (آمریکاییها) مهم نیست که رهبران مذهبی  باشند آنچه که برای انها مهم است ایجاد یک  مهره دست نشانده سیاسی برای کنترل می باشد». او ادامه داد که: "ما در این مورد با اسراییلیها اختلاف داریم. بی بی (نتانیاهو) ناامیدانه تلاش می کند که ایالات متحده را به عنوان متحد خود علیه هرچیزی که نشان از مسلمانی دارد به دنبال خود بکشاند تا از وضعیت اسفبار شهروندان به عنوان طعمه تبلیغاتی استفاده کند. "

به من گفته شد که در دستگاه اطلاعاتی آمریکا و اسرائیل این امید وجود دارد که در صورت ادامه بمباران اسرائیل، عناصری از جامعه آذری به شورش مردمی علیه رژیم حاکم بپیوندند. همچنین این فکر وجود دارد که برخی از اعضای سپاه پاسداران به آنچه که به من گفته شد ممکن است «قیام دموکراتیک علیه آیت‌الله‌ها» باشد، روی آورند که آرزوی دیرینه دولت ایالات متحده می باشد. همچنین در این میان از سرنگونی ناگهانی و موفقیت آمیز بشار اسد در سوریه به عنوان یک الگوی بالقوه گفتگوشد، اگرچه سقوط اسد پس از یک جنگ داخلی طولانی اتفاق افتاد.

این احتمال وجود دارد که نتیجه بمباران گسترده اسرائیل و آمریکا در ایران این کشور را در وضعیت شکست دائمی قرار دهد، همانطور که پس از مداخله غرب در لیبی در سال 2011 اتفاق افتاد. آینده سوریه، عراق و لبنان که همگی قربانی حملات مکرر خارجی هستند، هنوز حل نشده است.

دونالد ترامپ به وضوح خواهان یک پیروزی در سطح بین المللی است که بتواند آن را به بازار تجارت  جهانی عرضه کند. او و نتانیاهو برای رسیدن به این هدف، آمریکا را به جایی می برند که هرگز نرفته است.

19/06/2025

GIDEON LEVY
Guerre avec l’Iran, poursuite des massacres à Gaza : Israël est un lion malade, pas un lion debout

Gideon LevyHaaretz, 18/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 
Versión española

Le sort de la guerre dépend désormais des caprices d’un président yankee jacassier et imprévisible. S’il bombarde l’Iran, il pourrait remporter la victoire. S’il ne bombarde pas, Israël se sera lancé dans une autre guerre futile, plus superflue et dangereuse que toutes les précédentes.


Chappatte, Le Temps, Genève

La participation des USA aurait dû être garantie à l’avance. Cela aurait dû être une condition préalable à l’entrée en guerre. En attendant, Donald Trump se livre à ses jeux infantiles consistant à humilier l’Iran et à exiger sa reddition totale, détruisant par ses paroles toute chance restante d’accord, la seule chance d’un happy end.

Si les bombardiers lourds restent dans les hangars – la question restait en suspens mercredi –, alors la guerre d’usure se poursuivra, son issue et sa durée étant impossibles à prévoir. Israël ne pourra pas la supporter longtemps, socialement, économiquement et peut-être même militairement. Si, en revanche, les bombardiers décollent, cela pourrait mettre fin à la guerre et conduire à une guerre beaucoup plus importante.

Dans le brouillard de la bataille, Israël s’unit derrière la guerre et son leader, célébrant, se vantant et s’émerveillant, sans aucun débat public. Toute discussion qui s’est brièvement enflammée parmi les commentateurs dans les studios de télévision a tourné autour de la question du mérite. Le mérite de quoi ? Des performances inspirantes des pilotes, qui tournent au-dessus de Téhéran comme ils le font au-dessus de Gaza ou de la base aérienne de Hatzerim ? Amit Segal dit que le mérite revient au Premier ministre ; Nir Dvori, à l’establishment de la défense : un dialogue philosophique profond sur la peau de l’ours entre deux géants intellectuels, bien avant qu’on l’ai tué.

À Gaza, le massacre non seulement n’a pas cessé, mais il prend des proportions génocidaires. La file d’attente pour la nourriture est devenue une file d’attente pour la mort. « Qui est le prochain dans la file et qui est dans la file suivante. / Bonsoir désespoir et bonne nuit espoir » (Yehuda Poliker et Yaakov Gilad). Le compteur mesure le sang palestinien qui coule comme un débitmètre sur une pompe à essence mesure le carburant qui coule dans une voiture.

Jusqu’à présent, 400 personnes ont été tuées en attendant un sac de farine et une bouteille d’huile de cuisson. Quel péché ont-elles commis ? Qui a la capacité mentale pour cela maintenant, entre les courses vers l’abri anti-bombes - notre nouvelle normalité. La destruction dans les rues est également devenue normale. Il y a des rues en Israël qui ressemblent à Kharkiv après la dernière attaque russe, et cela nous convient. Un lion malade, pas un lion debout.

C’est comme si tout était tombé du ciel, une catastrophe naturelle, un décret divin. Les réalisations sont toutes les nôtres, seul le coût est un cas de force majeure. Comme s’il n’y avait pas d’autre choix que cette réalité folle, nous avons choisi pour nous-mêmes.

Il y a environ une semaine, Israël a choisi d’entrer en guerre avec l’Iran, après 20 mois d’attaques sauvages contre Gaza qui n’ont encore donné aucun résultat durable. Le coût de la guerre dans la bande de Gaza dépassera les résultats qu’elle pourrait encore obtenir. Demandez au monde ce qu’il pense d’Israël, parlez aux Israéliens du monde – une corruption morale incurable. Et alors que Gaza saigne et qu’Israël est corrompu, nous entrons à nouveau en guerre, avec nos forces et nos otages toujours dans la bande de Gaza.

Et Israël se réjouit : effrayé, épuisé, mais se réjouissant. « Téhéran brûle », titrait cette semaine le journal Yedioth Ahronoth, alors que quelques centaines de mètres à l’ouest de chez moi, des bâtiments brûlaient. Un lion malade.

Où allons-nous ? Ou plus précisément, où sommes-nous conduits ? Comme un agneau à l’abattoir, ou un troupeau vers une fausse victoire.

L’Iran ne se rendra pas, certainement pas après la campagne d’arrogance usaméricano-israélienne. Le meilleur résultat possible sera un nouvel accord nucléaire, et même cela ne sera pas une fin heureuse.

Qu’y aura-t-il de joyeux dans un pays qui a été marqué pendant 20 mois à Gaza, et qui sait combien de temps dans les abris anti-bombes ? Qu’y aura-t-il de bon, même si l’Iran renonce pour l’instant à ses ambitions nucléaires ? Une société et une économie en ruines, avec des milliers de criminels de guerre de Gaza qui se promènent parmi nous, un camp qui n’est pas uni mais qui est effroyablement uniforme, et un leader qui accorde des interviews à ses partisans dans une déformation grotesque du véritable journalisme. Ce qui compte, c’est que nous avons assassiné deux chefs d’état-major iraniens en une semaine.

Un lion malade.    

17/06/2025

La capacité de défense, le contrôle des armements et la compréhension mutuelle, conditions du maintien de la paix en Europe
Un manifeste de responsables sociaux-démocrates allemands

 Alors que le congrès fédéral du SPD doit se tenir du 27 au 29 juin à Berlin, plus d'une centaine de dirigeants et responsables sociaux-démocrates, rejoints par 12 000 citoyens, viennent de publier un Manifeste appelant à la désescalade et à une reprise du dialogue avec la Russie, remettant ainsi en cause la politique menée par leurs dirigeants suprêmes, coalisés au sein du gouvernement fédéral avec la CDU de Friedrich Merz. Ci-dessous une traduction de ce manifeste

 


REINALDO SPITALETTA
Sancocho de sangre a la colombiana

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, 17-6-2025

Escucha audio

Somos un sancocho de sangre desde tiempos remotos, antes de que los artesanos Galarza y Carvajal le propinaran hachazos a Uribe Uribe, y antes también de que Arturo Cova declarara que había jugado su corazón al azar y se lo había ganado la violencia. Seguro las guerras y guerritas civiles del siglo XIX nos abonaron la mentalidad para resolver a la fuerza y a bala, o a machetazos o cuchillo, como en Palonegro, las diferencias políticas y sociales. Y las de otra índole, como las del bolsillo y la tierra.

Los asesinos del hombre que escribió un libro prohibido por sectores eclesiásticos (De cómo el liberalismo colombiano no es pecado) pasaron a convertirse en actores del que se considera el primer largometraje filmado en Colombia: El drama del 15 de octubre, de los Hermanos Doménico. La película (muda, claro) fue considerada “inmoral” y “glorificadora” del magnicidio por las imágenes del líder asesinado y las de sus verdugos Leovigildo y Jesús, de los que también se compuso, hasta donde se sabe, un bambuco: “Asesinos Galarza y Carvajal / que matasteis a Uribe Rafael…”.

  
Se corrió entonces a destruir el filme, mientras se quedó en el misterio quiénes hubo detrás del asesinato. Y así hemos transcurrido desde entonces y desde mucho antes. Después, en ese caldo terrorífico que hoy seguimos tomando, llegaron los muertos de las bananeras, decenas de trabajadores mandados al más allá por el gobierno de Miguel Abadía Méndez y la United Fruit Company. Eso poco importó, al fin de cuentas eran solo trabajadores.


Bueno, digamos que al aún joven Jorge Eliécer Gaitán sí le importó el asunto y después de su investigación pudo decirle con propiedad a oligarcas y matones que “el gobierno colombiano tiene la metralla homicida para el pueblo y la rodilla en tierra ante el oro americano”. Y también lo mataron, y pusieron a un cualquiera, al albañil Juan Roa Sierra, a dispararle, cuando detrás estaba la conspiración, los cerebros del mal, los auténticos asesinos, que tampoco la historia ha podido condenar.

Y a todos nos ganó la Violencia. Llegaron los “pájaros”, los chulavitas, los cortadores de cabezas, los del corte de franela y de corbata, los bandoleros, los que mandaban a los bandoleros… Y así hemos discurrido, con cadáveres en los ríos, en los montes, en la ciudad. Y si hubo tiempos en que matar liberales no era pecado, también los hubo en que matar indios no era delito, y así los pusieron en la escena de tierra arrasada. Por el Cauca, por el Amazonas, por los Llanos…

Hemos tenido de todas las sangres. Guerrillas liberales, luego las de vestuarios marxistas-leninistas-maoístas, y de otras indumentarias. Y el cielo de Marquetalia, del Pato y Guayabero se llenó de bombarderos. Todo bien, papá, hay que acabar con las “repúblicas independientes”. Qué revuelto de balas y masacres. Cuánta acción delincuencial nos ha tocado, secuestros, vacunas, extorsiones, y los que se declararon “héroes” frente a la “subversión” y se robaron las mejores tierras y jugaron al fútbol con las cabezas cercenadas de las víctimas.

Y así hemos transcurrido, con discursos incendiarios, con presuntas “seguridades democráticas”, con los “falsos positivos”. Con magnicidios, con atentados, con carro-bombas, con narcoterrorismo y paramilitarismo y grupos de “limpieza social” y los de “muerte a secuestradores”: lo dicho, un sancocho sangriento. Y como si fuera poco, continúan los discursos guerreristas, los que convocan a la matazón y al “balín”, como lo grita un precandidatucho fascista que cree que todo es solucionable con “candela” e hijueputazos.

El atentado contra el precandidato Miguel Uribe es la continuación de una vieja película que puede remontarse a la de Galarza y Carvajal, o, de otro modo, a los que tuvieron que estar detrás del telón del crimen y permanecieron en la impunidad. La herencia de la resolución irracional de las contradicciones sociales y políticas a punta de hachazos, balazos, machetazos, continúa cobrando su cuota de sangre.

Abundan los Roa Sierra, manipulados por los grandes criminales en la sombra. Sigue bebiéndose el caldo de cultivo de los sicarios, herencia, además, de tiempos que aún no se acaban, conectados con las mafias, con el lumpen burgués y el lumpen de los bajos fondos. Hay un mercado de la ignominia, en el que los desahuciados de la fortuna son utilizados como carne de cañón y como protagonistas de un sistema de inequidades.

Nos aplastó la violencia, cultivada por los que consideran al pueblo como una nadería que se puede pisotear. O utilizar como activistas de la muerte. Y mantener en la noche de la ignorancia y las carencias intelectuales y materiales. Es muy fácil decir “bala es lo que hay y bala lo que viene” como una manera de preservar el miserable “statu quo”. Estamos en una vorágine sangrienta, que tiene historia, y que parece no tener fin. La violencia nos devoró el corazón.

RICH WILLED
Le miroir du tyran : ce que Netanyahou ne dira pas sur l’Iran et la démocratie

Rich Willed, 16/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


S’il y a une chose qui commence vraiment à m’agacer ces derniers temps, c’est la façon dont les Occidentaux privilégiés regardent avec mépris les Palestiniens ou les Iraniens « non civilisés », sans la moindre goutte d’introspection.

Nous parlons de ces personnes en termes binaires. Antisémites. Théocratie. Axe du mal.

 

Pas d’histoire. Pas de contexte. Aucune reconnaissance de notre propre rôle dans cette histoire.

 

En écoutant Netanyahou expliquer ces derniers jours les raisons qui le poussent à attaquer l’Iran, je ne peux m’empêcher de penser qu’il existe une forme particulière d’hypocrisie réservée aux puissants. Une hypocrisie qui ne se nourrit pas du silence, mais des discours.

 

Elle se dissimule derrière le langage de la démocratie, de la liberté et de la moralité, tout en commettant les crimes qu’elle prétend condamner. Peu de personnalités illustrent mieux cette inversion que Benjamin Netanyahou. Ces derniers temps, je me surprends à inverser le sens de ses propos en temps réel. Ce serait presque drôle s’il ne traînait pas le monde au bord de la guerre nucléaire.

 

Le titre d’aujourd’hui en est un parfait exemple : « L’Iran a tenté d’assassiner Trump – à deux reprises ». Aucune preuve. Aucun détail. Juste : « Faites-moi confiance ».

 

Comme s’il allait de soi que nous devions croire un homme qui a menti plus de fois qu’on ne peut compter. Un homme actuellement jugé pour corruption dans son propre pays. Un homme sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.

 

Et pourtant, Netanyahou monte sans cesse sur la scène internationale pour dépeindre l’Iran comme un régime tyrannique. Une théocratie brutale qui menace la stabilité régionale, la paix mondiale et l’ordre moral des nations « civilisées ». Il parle de répression, d’autoritarisme religieux, d’ambitions nucléaires...

 

Et pourtant, pendant qu’il parle, des enfants palestiniens gisent sous les décombres israéliens. Dans son propre pays, les juges sont privés de leur indépendance. Les manifestants envahissent Tel-Aviv pour mettre en garde contre la descente d’Israël vers l’autocratie. Et pourtant, les médias et les politiciens occidentaux répètent ses paroles comme s’ils n’en voyaient pas la fausseté.

 

C’est l’astuce séculaire de l’empire : présenter la résistance comme un danger et la domination comme la paix. Traiter son ennemi de tyran tout en larguant des bombes, en construisant des murs et en réduisant au silence toute dissidence. Il s’agit d’un renversement psychologique si profondément ancré dans la psyché occidentale que nous ne le remarquons même plus.

 

Mais que se passerait-il si nous inversions les rôles ?

 

Et si la vraie question n’était pas de savoir ce qui ne va pas en Iran, mais ce qui s’est passé la dernière fois que l’Iran a tenté de se libérer ?

 

Car derrière chaque accusation portée contre l’Iran se cache une histoire que nous ne sommes pas censés nous rappeler. Une histoire qui n’est pas celle du fanatisme, mais celle de la démocratie. Non pas celle de l’extrémisme, mais celle de l’autodétermination nationale. Et c’est cette histoire, et non les missiles ou les milices, que des hommes comme Netanyahou redoutent le plus.

 

Il est révélateur que si peu de gens connaissent cette histoire. Mais je suppose que c’est le but recherché.

 

Car si le monde se souvenait de ce qui s’est passé en Iran en 1953, le discours de Netanyahou commencerait à s’effriter. Toute la supériorité morale de l’Occident commencerait à s’écrouler.



Il y a soixante-dix ans, l’Iran n’était pas une théocratie. C’était une démocratie. Et son Premier ministre, Mohammad Mossadegh, n’était pas un religieux extrémiste ou un fanatique anti-occidental. C’était un réformateur laïc et instruit, largement respecté dans tout l’Iran et même dans certaines régions d’Europe.

 

Il était également profondément attaché à une idée révolutionnaire : les ressources naturelles de l’Iran devaient profiter à son propre peuple.

 

À l’époque, les entreprises britanniques contrôlaient le pétrole iranien, notamment l’Anglo-Iranian Oil Company (BP). Les travailleurs iraniens vivaient dans la pauvreté tandis que les élites britanniques engrangeaient les profits. Mossadegh voyait cela pour ce que c’était : un vol colonial. C’est pourquoi, en 1951, il a fait ce que tout dirigeant qui se respecte aurait dû faire. Il a nationalisé le pétrole iranien.

 

Cet acte a scellé son destin.



Mossadegh porté en triomphe par la foule après la nationalisation de l'Anglo-Iranian

 

Les Britanniques étaient furieux. Mais leur empire déclinant, ils avaient besoin d’aide. Ils se sont donc tournés vers leur partenaire d’après-guerre dans le contrôle mondial : les USA. Ensemble, la CIA et le MI6 ont lancé l’opération Ajax, un coup d’État secret qui a renversé Mossadegh et rétabli le Shah, un monarque aligné sur l’Occident qui a dirigé l’Iran d’une main de fer pendant les 26 années qui ont suivi.

 

Oui, vous avez bien entendu. Et non, ce ne sont pas des rumeurs. Tout cela est accessible à quiconque souhaite s’informer.

 

Dans les années 1950, l’Iran était une démocratie qui fonctionnait. Son dirigeant était élu au suffrage universel. Ce dirigeant agissait dans l’intérêt de son peuple. Et pour cela, l’Occident l’a écrasé.

 

Pourquoi ? Pas à cause de la tyrannie. Mais à cause de la souveraineté.

 

Parce qu’un Iran libre qui contrôlait son propre pétrole était bien plus dangereux pour les intérêts occidentaux qu’un régime brutal qui se pliait aux règles de l’empire.

 

Avant de juger ces pays comme arriérés ou mauvais, nous devrions peut-être prendre le temps de réfléchir. Et faire un peu d’introspection.

 

Car l’Iran n’était pas le seul.

 

Le renversement de Mossadegh n’était pas une anomalie. C’était un modèle. Un coup de semonce à toute nation, en particulier celles riches en ressources, qui osait imaginer l’indépendance. Au cours des décennies qui ont suivi, le schéma est devenu indéniable : chaque fois qu’un pays du Sud tentait d’affirmer sa souveraineté, en particulier sur ses propres ressources, les puissances occidentales intervenaient. Non pas pour défendre la démocratie, mais pour la démanteler.

 

Au Chili, ce fut Salvador Allende. Élu démocratiquement en 1970, il entreprit de nationaliser l’industrie du cuivre, contrôlée en grande partie par des sociétés usaméricaines. Trois ans plus tard, avec le soutien de la CIA, l’armée chilienne organisa un coup d’État violent. Allende fut tué. À sa place, le dictateur Pinochet prit le pouvoir, torturant et faisant disparaître des milliers de personnes. Washington qualifia cela de victoire pour la stabilité.

 

Au Congo, c’était Patrice Lumumba. Jeune, charismatique et déterminé à se libérer de l’exploitation belge, il a été élu Premier ministre en 1960. En quelques mois, il a été renversé puis exécuté, son assassinat ayant été orchestré avec la complicité de la CIA. Le pays a été livré à Mobutu, un homme fort corrompu qui l’a saigné à blanc pendant des décennies.

 

En Irak, Saddam Hussein a été armé et soutenu par les USA jusqu’à ce qu’il se retourne contre les intérêts de l’empire. Lorsqu’il a osé vendre du pétrole en dehors du système pétrodollar et laissé entendre qu’il souhaitait exercer un leadership régional échappant au contrôle usaméricain, le mensonge des armes de destruction massive a vu le jour. La guerre a été présentée comme une libération. Elle s’est transformée en occupation, en chaos et en mort.

 

En Libye, Mouammar Kadhafi était peut-être un personnage complexe, mais une chose est sûre : sa proposition d’une monnaie panafricaine adossée à l’or constituait une menace directe pour la domination des systèmes financiers occidentaux. Quelques mois après avoir lancé cette idée, il a été pris pour cible, bombardé et brutalement exécuté. Son pays n’a plus connu la paix depuis.

 

Et ce ne sont là que quelques exemples parmi les plus connus.

 

Le scénario de l’empire se répète sans cesse. Les dirigeants qui servent les intérêts occidentaux, aussi brutaux soient-ils, sont tolérés, voire soutenus. Mais ceux qui remettent en cause l’ordre économique, qui revendiquent le contrôle de leur pétrole, de leur eau, de leurs terres ou de leur monnaie, sont qualifiés de fous, d’extrémistes ou de terroristes. Leurs démocraties sont déstabilisées. Leurs pays sont sanctionnés, envahis ou réduits en ruines.

 

Il ne s’agit pas de liberté. Cela n’a jamais été le cas.

 

Il s’agit d’obéissance.

 

Et nous revoilà dans le présent, où le scénario continue de se dérouler, presque mot pour mot. Même si, peut-être enfin, il commence à s’effriter.

 

L’Iran est une fois de plus présenté comme le grand méchant. Netanyahou, Trump, les politiciens occidentaux et les médias parlent d’une voix presque unanime. L’Iran est un État voyou, une force déstabilisatrice, le premier sponsor mondial du terrorisme. Israël a mené une « frappe préventive ». Il a le droit de se défendre. Le monde doit défendre Israël contre la théocratie vicieuse qui ne vit que pour le détruire. Le langage est clinique. Répété. Incontesté.

 

Mais arrêtons-nous un instant.

 

Qu’a fait exactement l’Iran ? A-t-il envahi un voisin ? Renversé des gouvernements ? Commis des assassinats ciblés sur le sol étranger ? Posé des bombes dans des hôpitaux et des écoles ?

 

Ou son véritable crime est-il tout autre, bien plus familier et bien moins pardonnable ?

 

L’Iran soutient la résistance palestinienne. Il était l’un des sept pays cités dans le désormais tristement célèbre plan du Pentagone visant à « éliminer » certains pays après le 11 septembre. Le seul qui soit encore debout...

 

L’Iran refuse de s’incliner devant Israël. Il ne se soumettra pas aux USA. Il détient d’immenses réserves de pétrole et de gaz et a insisté, à maintes reprises, pour tracer sa propre voie. Et pour cela, il est présenté comme un grand danger pour la paix mondiale.

 

Pendant ce temps, Israël, un régime d’apartheid doté de l’arme nucléaire et se livrant à un génocide sans vergogne, est en quelque sorte considéré comme l’acteur responsable.

 

Il s’agit là d’un renversement d’une ampleur presque incompréhensible.

 

C’est la tyrannie vendue comme démocratie. La résistance qualifiée de terrorisme.

 

Posez-vous la question suivante : si la guerre nucléaire était vraiment la préoccupation qui motive les actions d’Israël, pourquoi personne ne s’inquiète-t-il du pacte de défense conclu entre l’Iran et l’une des deux plus grandes puissances nucléaires de la planète, la Russie ?

 

Ou peut-être que les menaces nucléaires ne sont des menaces que lorsqu’elles proviennent de ceux qui ne suivent pas les ordres ?

 

Et pendant ce temps, Netanyahou, qui a passé des décennies à démanteler les institutions démocratiques d’Israël, à inciter à la haine raciale et à entraîner son peuple dans un état de guerre sans fin, se tient à la tribune et donne des leçons de liberté au monde entier.

 

Ce serait risible si ce n’était pas aussi mortel.

 

La vérité profonde est la suivante : l’Occident ne craint pas l’extrémisme religieux. Il ne craint pas l’autoritarisme. S’il le craignait, il aurait sanctionné Israël depuis longtemps. Ce qu’il craint, ce qu’il a toujours craint, c’est l’indépendance. Une nation qui pense par elle-même, défend sa dignité et refuse de vendre son âme à l’empire.

 

C’est là la véritable menace.

 

Et peut-être que la question la plus importante que nous devons nous poser est la suivante : qui a le droit d’être libre ?

 

Car c’est là le cœur du problème. Pas seulement en Iran, à Gaza ou en Libye, mais partout où le joug de l’empire a écrasé ceux qui ont osé rêver d’autre chose.

 

Qui a le droit de revendiquer sa souveraineté ? Qui a le droit de nationaliser son pétrole, son eau, ses terres ? Qui a le droit de répondre aux puissances qui dominent le monde ?

 

Est-ce que je vis vraiment dans un pays démocratique si le simple fait de poser ces questions me met en danger ? Est-ce cela que nous prétendons être la liberté ?

 

Car les preuves sont claires : l’Occident applaudira une dictature tant qu’elle respectera ses règles. Et il écrasera une démocratie dès qu’elle sortira du rang.

 

L’Iran n’est pas devenu une dictature parce qu’il était tyrannique. Il est devenu ce qu’il est parce qu’il a osé être libre. La théocratie est née des cendres d’un rêve qui n’a jamais pu se réaliser.

Il ne s’agit pas ici de romancer le régime actuel de l’Iran. Il est brutalement répressif. Les dissidents sont réduits au silence, les femmes sont asservies et la violence d’État est bien réelle. Mais si nous nous arrêtons là, si nous isolons cette vérité du contexte qui l’a fait naître, nous ne nous livrons pas à une réflexion honnête. Nous nous livrons à une morale sélective.

 

La République islamique n’est pas apparue dans le vide. Elle s’est élevée des décombres d’une démocratie écrasée par l’Occident, comme beaucoup de dictatures qui l’ont suivie. Et tant que nous ne serons pas prêts à nous demander comment nous en sommes arrivés là, nous continuerons à commettre la même erreur : réagir aux flammes tout en ignorant l’étincelle.

 

Il en va de même pour le 7 octobre. Cette journée a été horrible. Des vies innocentes ont été perdues. Mais l’isoler, le traiter comme une explosion inexplicable du mal, c’est participer à une amnésie narrative. Car l’horreur ne survient jamais de manière isolée. Elle éclate sous la pression. Et si nous parlons du sang versé ce jour-là sans parler du siège, de l’occupation, de la dépossession, des décennies de déshumanisation qui l’ont précédé, nous ne recherchons pas la vérité. Nous préservons le pouvoir.

 

Netanyahou peut parler de menaces autant qu’il veut. Il peut battre les tambours de guerre, se draper dans le langage de la liberté et appeler au feu au nom de la civilisation.

 

Mais il ne craint pas l’Iran parce que c’est une théocratie. Il le craint parce que c’est une mauvaise théocratie, une théocratie qui ne se plie pas à ses règles et ne se soumet pas à son agenda.

 

Et au final, tout semble toujours revenir à la Palestine.

 

En 2001, sept pays de la région soutenaient ouvertement la cause palestinienne. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’un, qui est désormais dans le collimateur d’Israël.

 

Il est difficile de ne pas se poser la question suivante : si le monde avait agi plus tôt, s’il avait combattu l’injustice au cœur du conflit israélo-palestinien au lieu de la laisser perdurer pendant des décennies, en serions-nous là aujourd’hui ? Cette guerre serait-elle également nécessaire ?

 

Car peut-être, juste peut-être, que résoudre la blessure la plus ancienne du Moyen-Orient pourrait commencer à en guérir d’autres.

 

L’histoire jugera ce moment avec beaucoup plus de clarté que nous ne pouvons le faire aujourd’hui.

 

Mais je ne peux m’empêcher de penser que nous avons peut-être le luxe du recul.

L’avenir de l’humanité exige peut-être que nous allions droit au cœur du problème, dès maintenant.

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