09/05/2025

FAUSTO GIUDICE
Syrie : la résilience d’un peuple ancien
Entretien avec un Damascène

Fausto GiudiceTlaxcala, 9/5/2025

Alors que le « président » syrien Ahmed Al Charaa est reçu officiellement à l’Élysée par Emmanuel Macron, nous avons demandé à Ibrahim Al Ambda, un enseignant syrien francophone à la retraite qui n’a jamais quitté la Syrie, de nous décrire la situation concrète, tel qu’il la vit à Damas.

Peux-tu nous décrire la vie quotidienne à Damas après le 8 décembre et la fuite de Bachar Al Assad ? Qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui est resté pareil ?

À mon avis, l’ancien président a fui, et je m’attendais à cela de sa part, mais le régime n’est pas tombé !

En d’autres termes, le nouveau régime reste une dictature, noyée dans le chaos, et poursuivant les intérêts personnels des dirigeants, et non l’intérêt public. Cela s’ajoute au chaos généralisé dans lequel le pays a été plongé en raison de la dissolution de l’armée, de la police et des forces de sécurité.

Damas est plus triste qu’avant et les gens sont plus pauvres.

En fait, je ne vois aucun changement ! La logique de l’autorité est la même. Les violations des libertés individuelles sont plus fréquentes qu’auparavant. En plus, beaucoup de massacres sont commis contre les minorités sur la côte syrienne, à Homs, au sud de la Syrie et dans certaines parties de la campagne de Damas, de Hama !

Les gens ont perdu leur sentiment de sécurité, les meurtres sont devenus aléatoires dans les rues, et le scénario irakien se répète, avec l’enlèvement et le meurtre d’érudits, surtout de quelques minorités spécifiques !

La situation économique se dégrade…

La division, l’affaiblissement du pays et le partage de l’influence et des richesses entre les pays occidentaux et régionaux, contre la volonté de la plupart des gens de mon pays, sont mis en œuvre, par le fait de commettre les massacres contre les civils. 

Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza, en Cisjordanie, au Liban et en Syrie, et ce qui s’est passé auparavant en Irak (1990-2003), est la deuxième partie du scénario des accords Sykes-Picot de 1916 !


Plan de Damas, par auteur européen inconnu, 1620    

Vous avez vécu depuis un siècle une histoire pleine de bruit et de fureur. Quel est le secret de votre incroyable soumoud (résilience) ?

Le peuple syrien, au Levant (Bilad al-Cham), est un peuple ancien. Sa civilisation remonte à plus de dix mille ans. Les habitants des grandes villes du Levant : Alep, Beyrouth, Jérusalem, Jéricho, Bagdad… et surtout Damas, avec leur tolérance, leur amour, leur acceptation de l’Autre, avec une ouverture claire, ont pu absorber les étrangers pacifiques. Mais ces cités antiques, tout au long de l’histoire, ont rejeté les étrangers violents et sanglants ! 

Grâce à cette histoire ouverte, nous constatons que les Syriens, au Levant, sont certains d’une chose, claire dans leur esprit, à travers l’Histoire : ce sont eux qui resteront, et tous les événements accidentels, en particulier le colonialisme et les étrangers occupants, disparaîtront inévitablement, tôt ou tard !

On constate donc que les Syriens, pour la plupart, considèrent leur pays comme leur patrie finale, et même lorsqu’ils sont contraints d’émigrer, à la recherche d’un moyen de subsistance et d’un travail, et pour échapper aux persécutions et aux guerres imposées à notre région par les grandes puissances – puisque c’est la géographie qui fait l’histoire – beaucoup d’entre eux retournent en Syrie lorsque la sécurité est rétablie et que les guerres prennent fin. C’est là le secret de la persévérance du peuple syrien, palestinien et libanais sur leur terre : Gaza, le Sud du Levant, ainsi que le Sud-Liban, en est un exemple frappant et étonnant. 

Quels rapports entretenez-vous avec la diaspora syrienne, éparpillée aux quatre coins du monde ?

Depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours, il n’existe presque aucune famille en Syrie qui n’ait de parents à l’étranger, sur les cinq continents ! Ces expatriés, leurs enfants et petits-enfants, ont toujours été aux côtés de leurs familles en Syrie, au Liban et en Palestine… C’est pourquoi nous constatons que le peuple syrien, malgré les épreuves successives auxquelles il a été confronté tout au long de son histoire, a pu persévérer, grâce à cette solidarité sociale, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Personnellement, j’ai des parents et de vrais amis partout dans le monde, et ils me soutiennent toujours, certains matériellement et d’autres moralement : par conséquent, je sens que le monde est toujours dans un état de bonté, tout comme l’amour et l’humanité.

Quel pourrait être aujourd’hui et demain le rôle des personnes et des groupes, à travers le monde, qui se considèrent à divers titres comme solidaires du peuple syrien ?

Puisque l'attaque est plus que féroce à travers le Levant, et personnellement, je vois ce qui se passe en Palestine, au Liban et en Syrie comme une destruction systématique de pays et de sociétés, après les avoir épuisés, et c'est un problème unique qui ne peut être divisé, je vois personnellement que ceux qui sont solidaires avec nous peuvent soutenir les Syriens, ainsi que les Palestiniens et les Libanais, en dénonçant l’avidité des politiciens des grandes puissances et régionales pour les richesses de notre Levant, et en dénonçant certaines figures médiatiques qui pratiquent la désinformation, et qui ignorent toutes les tragédies humaines pour servir les intérêts des grandes puissances, sans se soucier des vies perdues dans nos pays.

Aurais-tu un ou des messages pour les Arabes, les Européens, les Américains ?

En fait, j’ai envoyé et je continue d’envoyer, des messages aux Arabes, en particulier par des canaux fiables, secrets et publics, afin qu’ils puissent assumer leur responsabilité en matière de protection de la Palestine et de la Syrie également. Après la dissolution de l’armée syrienne, ils pourront envoyer des militaires arabes pour aider à maintenir la sécurité en Syrie, avec la jeunesse syrienne volontaire dans le nouvel appareil de sécurité syrien.

Quant aux Européens et aux Américains, ils n’ont pas manqué de soutenir, humainement, la Palestine, durant les dix-huit mois derniers.

Personnellement, je préfère que les Européens et les Américains n’interviennent pas politiquement dans nos affaires ! Mais je leur demande d'essayer de changer la politique occidentale pour qu’elle soit humaine et éthique. Notre civilisation, à Ugarit, a exporté à tout le monde l’alphabet et la première partition musicale, ainsi que la paix et l’amour avec Jésus-Christ, le Palestinien, alors qu’il nous a envoyé la violence, les massacres et la pauvreté, avec la colonisation.


RETE DI SOPRAVVISSUTI AGLI ABUSI SESUALI DEL CLERO
Lettera aperta al nuovo papa

“NOI, I FIGLI DELLA CHIESA”

UN’ESORTAZIONE AL NUOVO PAPA

SNAP, 8/5/2025
Tradotto da Fausto GiudiceTlaxcala

Noi, un tempo figli della Chiesa, portiamo nei nostri corpi e nelle nostre memorie le ferite invisibili della violenza sessuale - i nostri propri stigmi spirituali. Tuttavia, la nostra voce collettiva, che si leva da ciò che un tempo era indicibile, è un atto di resurrezione. Essa ristabilisce l’umanità che ci è stata violentemente strappata e ci permette di iniziare una nuova vita.- 8 maggio 2025


Sua Santità
Palazzo Apostolico
00120 Città del Vaticano

Giovedì 8 maggio 2025

Le scriviamo in qualità di organizzazione più antica e importante al mondo che rappresenta le vittime di stupri, aggressioni sessuali e abusi commessi da preti, religiosi, religiose, ministri laici e volontari della Chiesa cattolica.

Da oltre 35 anni, abbiamo supportato più di 25.000 sopravvissuti in tutto il mondo. Prima del conclave che l’ha eletta, abbiamo lanciato una nuova iniziativa globale a favore dei sopravvissuti, Conclave Watch, un database che dettaglia come i cardinali che l’hanno eletta abbiano facilitato e coperto casi di abusi commessi da membri del clero.

Un tempo, eravamo i figli della chiesa.

Il delinquente sessuale commette sempre due crimini: prima ruba il corpo, poi la voce.

Molti dei cardinali che l’hanno eletta hanno coperto i crimini commessi contro di noi, e i preti e le altre persone che ci hanno aggredito hanno un valore sociale e un prestigio ben superiori a quelli di ciascuno di noi, individualmente o collettivamente. Il teatro e le acclamazioni internazionali che hanno circondato la sua elezione lo dimostrano inequivocabilmente.

Non è naturale, a un momento come questo, desiderare di conoscere il tipo di afflizione sessuale e spirituale di cui siamo stati vittime nella nostra infanzia. Tale conoscenza turba e minaccia il normale funzionamento della Chiesa. Chi, impegnato nella preghiera e nella lode per la sua ascesa, vuole conoscere questo volto nascosto, disconosciuto e osceno della sua Chiesa?

Nessuno, tranne coloro che sono motivati dall'unica vera ragione per volerlo conoscere: la giustizia.

Se il prete e gli altri delinquenti hanno rubato i nostri corpi, sono i cardinali e i vescovi della Chiesa, così come i tre papi che si sono succeduti prima di lei, a aver rubato le nostre voci.

Immagini la nostra delusione e disperazione nel scoprire che lei ne fa parte.

Le sue prime parole devono essere rivolte ai sopravvissuti e ai figli della chiesa.

Ci aspettiamo che alcuni ci critichino per aver sollevato questa questione mentre il mondo intero celebra la sua elezione. Ma quando è dunque il momento giusto per discutere della realtà allarmante dello stupro e della violenza sessuale contro i bambini, che avviene ogni minuto di ogni ora di ogni giorno in questo mondo turbato?

Poco prima della sua morte, Papa Francesco ha organizzato un vertice dei leader mondiali sui diritti dell'infanzia [1] e ha firmato una dichiarazione contenente otto principi per la protezione e il rispetto dei diritti dei bambini. A seguito di questo vertice, ha annunciato la sua intenzione di pubblicare un'esortazione apostolica speciale rivolta direttamente ai bambini, al fine di educarli e dar loro gli strumenti per conoscere i loro diritti.

Non ha mai vissuto per completare quest'esortazione. Questo compito ora spetta a lei. Le prime parole che pronuncerà come papa dovranno essere rivolte ai sopravvissuti e ai figli della Chiesa.

Ma come può proclamare il suo impegno a difendere i diritti dei bambini nel mondo e a condannare coloro che non lo fanno, mentre secondo le leggi della Chiesa, le persone vulnerabili non hanno questi diritti? Inoltre, come può farlo mentre molti dei suoi confratelli vescovi violano attualmente questi stessi principi?

Le Nazioni Unite, le commissioni statali sugli abusi e i sopravvissuti come noi hanno ripetutamente chiesto a Papa Francesco di promulgare una legge di vera tolleranza zero per gli abusi sessuali e la copertura degli abusi. Una tale legge non esiste nella Chiesa. Perché decine di migliaia di ecclesiastici, di cui lei e i suoi colleghi vescovi nel mondo sapete che hanno violato e aggredito sessualmente bambini e persone vulnerabili, continuano a esercitare il loro ministero oggi? Perché qualsiasi vescovo nel mondo, incluso lei, può coprire casi di stupro e trasferire i delinquenti in nuove sedi dove possono abusare nuovamente?

Senza una nuova legge universale di tolleranza zero, i noti abusatori possono legalmente esercitare e presentarsi come preti in regola nelle parrocchie e nelle scuole, così come presso le famiglie. Le leggi attuali della Chiesa non proteggono e non fanno rispettare i diritti dei bambini. Proteggono e sostengono l'immunità dei vescovi e degli ecclesiastici che abusano dei bambini, ostacolano la giustizia civile e coprono i crimini sessuali.

Ciò che dovrebbe essere una vera tolleranza zero universale sotto il suo papato.

Le scriviamo in uno spirito di collera profetica, frustrazione, amore e appello alla giustizia. Assumere il ruolo di profeta, cioè, esortare il capo della Chiesa cattolica a rispettare le proprie parole e impegni, è un compito ingrato e sgradito. Tuttavia, i preti, i religiosi, le religiose, i ministri laici e i volontari che ci hanno abusato, i vescovi che hanno coperto questi abusi e i papi finalmente responsabili di questi atti ci hanno costretto a prendere questa posizione. Siamo determinati a rimanere fedeli alla missione che ci è stata affidata dai figli della Chiesa.

San Francesco d'Assisi ha detto: “Inizia a fare ciò che è necessario, poi fai ciò che è possibile; e all'improvviso, farai l'impossibile”.

Abbiamo redatto con cura e meticolosità, parola per parola e riga per riga, la prima legge di tolleranza zero veramente universale che risponde ai requisiti e agli standard del diritto canonico e del diritto internazionale dei diritti umani. Questa legge è necessaria. Permetterà di rimuovere legalmente e rapidamente dal ministero i preti delinquenti noti in tutto il mondo e di iniziare a tenere i vescovi responsabili delle loro azioni. Così facendo, potremo realizzare ciò che sembra impossibile: creare una Chiesa in cui nessuna persona che fa del male ai bambini e alle persone vulnerabili possa essere prete e dove nessuna persona che copre i suoi confratelli possa mai più essere vescovo o sedere sulla cattedra di San Pietro.

San Francesco ha anche fatto la famosa osservazione: “Le vostre azioni sono l'unico sermone che la gente ha bisogno di sentire”. Firmare la tolleranza zero nella legge della Chiesa e attuarla come papa sarà l'unica esortazione di cui i bambini del mondo avranno mai bisogno di sentire da parte sua.

Transizione verso una Chiesa senza abusi

Con l'aiuto della comunità internazionale, stiamo attuando un processo chiaro, pragmatico e realizzabile per affrontare questa catastrofe, ma non potrà essere portato a termine se non parteciperà con noi a un processo di giustizia transizionale globale, guidato dai sopravvissuti, per affrontare finalmente l'eredità della Chiesa in materia di abusi sessuali e di copertura degli stessi.

Questo modello richiede la piena partecipazione del Vaticano, in particolare per quanto riguarda l'istituzione della verità, il risarcimento e la riforma, ma non deve essere controllato dalla Chiesa. Offre una via verso una Chiesa post-abuso fondata sulla trasparenza, la giustizia e la guarigione.

Questo modello deve aderire ai principi fondamentali di giustizia riconosciuti a livello internazionale dai sopravvissuti, dalle Nazioni Unite e dagli enti e organizzazioni internazionali per la difesa dei diritti umani, in particolare nel contesto delle violazioni sistematiche e generalizzate dei diritti umani. Dovrebbe spettare ai sopravvissuti guidare questo processo sulla base della loro esperienza come vittime di queste violazioni. Affinché possa avvenire una vera riconciliazione, i leader della Chiesa devono prima dimostrare, accettare e proclamare la verità sulla loro complicità in questi crimini e violazioni. È per questo che il Santo Sede non può controllare il processo, ma deve cooperare pienamente e in buona fede con un organismo esterno. Infine, le componenti di questo modello devono essere applicate universalmente a tutta la Chiesa mondiale:

 Una commissione mondiale per la verità, indipendente e beneficiando della piena cooperazione del Vaticano. Essa organizzerà udienze regionali, documenterà gli abusi e le coperture e richiederà il pieno rispetto delle regole da parte del Vaticano, compresa l'apertura di tutti gli archivi relativi agli abusi.

Una legge universale di tolleranza zero promulgata nel diritto canonico, che elimini tutti i colpevoli di abusi e i funzionari complici.

Partecipare proattivamente a accordi internazionali che richiedono trasparenza delle chiese e sostegno alle azioni legali. I concordati dovrebbero includere obblighi di dichiarazione.

Un fondo di riparazione sostenuto dagli attivi della Chiesa per offrire una giusta restituzione ai sopravvissuti. Questo include assistenza psicologica, risarcimenti finanziari, istruzione e alloggio. Gli atti pubblici di restituzione dovrebbero includere commemorazioni e riconoscimenti ufficiali da parte della Chiesa.

Formare un Consiglio mondiale dei sopravvissuti con l'autorità di controllare l'implementazione e il rispetto della legge. Questo consiglio richiederà la cooperazione e la partecipazione delle conferenze episcopali e degli organi giuridici internazionali.

Se non si unirà a noi per prendere queste misure, tutti gli sforzi compiuti per affrontare la catastrofe degli abusi commessi da membri del clero porteranno alla stessa ripetizione di fallimenti, a una nuova generazione di predatori clericali e alla continuazione di questo trauma globale.

Tre papi, tre tradimenti: sarà il quarto?

Dopo la resurrezione, Gesù disse a Pietro: “Quando eri giovane, ti vestivi da solo e andavi dove volevi; ma quando sarai vecchio, stenderai le mani, e qualcuno ti vestirà e ti condurrà dove non vorrai andare”. (Giovanni 21:18)

A differenza di lei e di Pietro, molti di noi non hanno conosciuto la libertà della giovinezza. Da bambini, non eravamo autorizzati a vestirci da soli né a andare dove volevamo. Invece, siamo stati condotti in luoghi di totale sottomissione, spogliazione e disperazione - luoghi in cui abbiamo avvertito l'assenza di Dio, un po' come ciò che Cristo ha vissuto sulla croce.

Oggi, lei porta il peso di questo fardello. L'abuso di minori da parte di alcuni preti e la copertura di questi crimini da parte di vescovi la coinvolgono direttamente. Questa storia obbliga ad affrontare il tradimento dell'innocenza, conducendola in un luogo dove non desidera andare.

In quanto vescovo di Roma, è il successore diretto di San Pietro, che ritiene sia stato il primo papa, scelto non dagli uomini, ma da Cristo stesso. Tuttavia, uno dei grandi misteri della fede è che Gesù non ha scelto Pietro per il suo coraggio o la sua onestà; sapeva che Pietro lo avrebbe tradito. Gesù sapeva che Pietro avrebbe rinnegato la sua innocenza e mentito al riguardo, non solo una volta, ma tre volte. In altre parole, il nostro primo papa era un codardo e un bugiardo.

Lei sarà il quarto papa successivo dopo la rivelazione pubblica ai cattolici e al mondo intero degli abusi diffusi e sistematici commessi su bambini. I suoi tre predecessori hanno accettato l'incarico papale essendo pienamente consapevoli di aver tradito l'innocenza dei bambini nelle diocesi a loro affidate. Quando sono diventati papi, nessuno ha rifiutato l'incarico per vergogna o indignità per quanto accaduto - né Karol Józef Wojtyła in Polonia, né Joseph Alois Ratzinger in Germania, né il suo predecessore, Jorge Mario Bergoglio in Argentina. Nessuno di loro si è avvicinato alla cattedra papale e, come Pietro, ha confessato i propri peccati, ha pianto amaramente e ha giurato di non tradire mai più gli innocenti. Come loro, non riconoscerà pienamente ciò che lei e i suoi colleghi vescovi avete fatto e ciò che continuate a fare?

Gesù ha riservato a Pietro alcune dei suoi rimproveri più virulenti, dicendogli: “Vade retro Satana!” quando Pietro non ha compreso il vero costo della vita da discepolo. Tuttavia, nonostante i suoi difetti, Pietro è rimasto colui a cui Cristo ha affidato la guida della Chiesa.

Il tradimento degli innocenti non è, di per sé, un ostacolo per sedere sulla cattedra di San Pietro, a condizione di seguire l'esempio di Pietro. Pietro non ha giustificato le sue azioni. Non si è scusato. Non si è protetto dalla devastante consapevolezza di ciò che aveva fatto.

I bambini e le persone vulnerabili della sua Chiesa dovranno sopportare un quarto papa che li tradirà, loro e tutti gli innocenti affidati alle sue cure? O sarà lei il primo papa a porre fine a questo flagello e a sanare le ferite aperte lasciate dalla lunga storia della Chiesa cattolica in materia di violenze sessuali?

Cordiali saluti,

La Rete di sopravvissuti agli abusi sessuali del clero 

(SNAP, la rete dei sopravvissuti, supporta le vittime di abusi sessuali in contesti istituzionali da oltre 35 anni. Il nostro network conta più di 25.000 sopravvissuti e sostenitori. Il nostro sito web è  SNAPnetwork.org)

Note

(1) Discorso del Santo Padre Francesco ai leaders mondiali al Summit sui diritti dei bambini, 3 febbraio 2025.

(2) “SNAP Zero Tolerance Recommendations”, Rete di sopravvissuti agli abusi sessuali del clero 


RÉSEAU DES SURVIVANT·ES D'ABUS PAR DES PRÊTRES
Lettre ouverte au nouveau pape

“NOUS, LES ENFANTS DE L’ÉGLISE”

UNE EXHORTATION AU NOUVEAU PAPE

SNAP, 8/5/2025
 Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Nous, autrefois enfants de l’Église, portons dans nos corps et nos mémoires les blessures invisibles de la violence sexuelle - nos propres stigmates spirituels. Pourtant, notre voix collective, qui s’élève à partir de ce qui était autrefois indicible, est un acte de résurrection. Elle restaure l’humanité qui nous a été violemment enlevée et nous permet de commencer une nouvelle vie.

8 mai 2025

Sa Sainteté
Palais Apostolique 
00120 Cité du Vatican

Jeudi 8 mai 2025

Nous vous écrivons en tant qu’organisation la plus ancienne et la plus importante au monde représentant les victimes de viols, d’agressions sexuelles et d’abus commis par des prêtres, des religieux, des religieuses, des ministres laïcs et des bénévoles de l’Église catholique.

Depuis plus de 35 ans, nous avons soutenu plus de 25 000 survivants dans le monde entier. Avant le conclave qui vous a élu, nous avons lancé une nouvelle initiative mondiale en faveur des survivants, Conclave Watch, une base de données détaillant la manière dont les cardinaux qui vous ont élu ont facilité et dissimulé des cas d’abus commis par des membres du clergé.

Autrefois, nous étions les enfants de l’église.

Le délinquant sexuel commet toujours deux crimes : il vole d’abord le corps, puis la voix.

Nombre des cardinaux qui vous ont élu ont couvert les crimes commis à notre encontre, et les prêtres et autres personnes qui nous ont agressés ont une valeur sociale et un prestige bien supérieurs à ceux de chacun d’entre nous, individuellement ou collectivement. Le théâtre et les acclamations internationales qui ont entouré votre élection le démontrent sans équivoque. Il n’est pas naturel, à un moment comme celui-ci, de vouloir connaître le type d’affliction sexuelle et spirituelle dont nous avons été victimes dans notre enfance. Une telle connaissance perturbe et menace le fonctionnement ordinaire de l’Église. Qui, engagé dans la prière et la louange pour votre ascension, veut connaître cette face cachée, désavouée et obscène de votre Église ?

Personne, si ce n’est ceux qui sont motivés par la seule vraie raison de vouloir la connaître : la justice.

Si le prêtre et les autres délinquants ont volé nos corps, ce sont les cardinaux et les évêques de l’Église, ainsi que les trois papes qui se sont succédé avant vous, qui ont volé nos voix.

Imaginez notre déception et notre désespoir de découvrir que vous en faites partie.

Vos premiers mots doivent s’adresser aux survivants et aux enfants de l’église

Nous nous attendons à ce que certains nous critiquent pour avoir soulevé cette question alors que le monde entier célèbre votre élection. Mais quand est-ce donc le bon moment pour discuter de la réalité alarmante du viol et de la violence sexuelle à l’encontre des enfants, qui se produit à chaque minute de chaque heure de chaque jour dans ce monde troublé ?

Peu avant sa mort, le pape François a organisé un sommet des dirigeants mondiaux sur les droits de l’enfant [1] et a signé une déclaration énonçant huit principes pour la protection et le respect des droits de l’enfant. À la suite de ce sommet, il a annoncé son intention de publier une exhortation apostolique spéciale s’adressant directement aux enfants, dans le but de les éduquer et de leur donner les moyens de connaître leurs droits.

Il n’a jamais vécu pour achever cette exhortation. Cette tâche vous incombe désormais. Les premiers mots que vous prononcerez en tant que pape devront s’adresser aux survivants et aux enfants de l’Église.

Mais comment allez-vous proclamer votre engagement à défendre les droits des enfants dans le monde et à dénoncer ceux qui ne le font pas, alors qu’en vertu des lois de l’Église, les personnes vulnérables n’ont pas ces droits ? En outre, comment pouvez-vous le faire alors que nombre de vos confrères évêques violent actuellement ces mêmes principes ?

Les Nations unies, les commissions d’État sur les abus et les survivants comme nous ont demandé à plusieurs reprises au pape François de promulguer une loi de tolérance zéro véritablement universelle pour les abus sexuels et la dissimulation d’abus. Une telle loi n’existe pas dans l’Église. Pourquoi des dizaines de milliers d’ecclésiastiques, dont vous et vos collègues évêques du monde entier savez qu’ils ont violé et agressé sexuellement des enfants et des personnes vulnérables, exercent-ils encore leur ministère aujourd’hui ? Pourquoi n’importe quel évêque dans le monde, y compris vous, peut-il dissimuler des cas de viol et transférer les délinquants vers de nouvelles affectations où ils sont susceptibles d’abuser à nouveau ?

Sans une nouvelle loi universelle de tolérance zéro, les abuseurs connus peuvent légalement exercer et se présenter comme des prêtres en règle dans les paroisses et les écoles, ainsi qu’auprès des familles. Les lois actuelles de l’Église ne protègent pas et ne font pas respecter les droits des enfants. Elles protègent et soutiennent l’immunité des évêques et des ecclésiastiques qui abusent des enfants, font obstruction à la justice civile et couvrent les crimes sexuels.

Ce que doit être une véritable tolérance zéro universelle sous votre papauté

Nous vous écrivons dans un esprit de colère prophétique, de frustration, d’amour et d’appel à la justice. Assumer le rôle de prophète, c’est-à-dire exhorter le chef de l’Église catholique à respecter ses propres paroles et engagements, est une tâche ingrate et malvenue. Cependant, les prêtres, les religieux, les religieuses, les ministres laïcs et les bénévoles qui ont abusé de nous, les évêques qui ont couvert ces abus et les papes finalement responsables de ces actes nous ont forcés à prendre cette position. Nous sommes déterminés à rester fidèles à la mission qui nous a été confiée par les enfants de l’Église.

Saint François d’Assise a dit : « Commencez par faire ce qui est nécessaire, puis faites ce qui est possible ; et soudain, vous faites l’impossible ».

Nous avons soigneusement et méticuleusement rédigé, mot par mot et ligne par ligne, la première loi de tolérance zéro véritablement universelle qui réponde aux exigences et aux normes du droit canonique et du droit international des droits humains [2]. Cette loi est nécessaire. Elle permettra de retirer légalement et rapidement du ministère les prêtres délinquants connus dans le monde entier et de commencer à tenir les évêques responsables de leurs actes. Ce faisant, nous pourrons réaliser ce qui semble impossible : créer une Église où aucune personne qui fait du mal aux enfants et aux personnes vulnérables ne pourra être prêtre et où aucune personne qui couvre ses confrères ne pourra plus jamais être évêque ou s’asseoir sur la chaire de Saint Pierre.

Saint François a également fait la célèbre remarque suivante : « Vos actions sont le seul sermon que les gens ont besoin d’entendre ». Signer la tolérance zéro dans la loi de l’Église et la mettre en œuvre en tant que pape sera la seule exhortation que les enfants du monde auront jamais besoin d’entendre de votre part.

Transition vers une église sans abus

Avec l’aide de la communauté internationale, nous mettons en place un processus clair, pragmatique et réalisable pour résoudre cette catastrophe, mais il ne pourra être mené à bien que si vous participez avec nous à un processus de justice transitionnelle mondial, dirigé par les survivants, afin d’aborder enfin l’héritage de l’Église en matière d’abus sexuels et de dissimulation de ces derniers.

Ce modèle exige la pleine participation du Vatican, notamment en ce qui concerne l’établissement de la vérité, la restitution et la réforme, mais il ne doit pas être contrôlé par l’Église. Il offre une voie vers une Église post-abus fondée sur la transparence, la justice et la guérison.

Ce modèle doit adhérer aux principes fondamentaux de justice reconnus internationalement par les survivants, les Nations unies et les organismes et organisations internationaux de défense des droits humains, en particulier dans le contexte des violations systématiques et généralisées des droits humains. Il devrait incomber aux survivants de diriger ce processus sur la base de leur expérience en tant que victimes de ces violations. Pour qu’une véritable réconciliation puisse avoir lieu, les dirigeants de l’Église doivent d’abord démontrer, accepter et proclamer la vérité sur leur complicité dans ces crimes et ces violations. C’est pourquoi le Saint-Siège ne peut pas contrôler le processus, mais doit coopérer pleinement et de bonne foi avec un organisme extérieur. Enfin, les composantes de ce modèle doivent être appliquées universellement à l’ensemble de l’Église mondiale :

Une commission mondiale pour la vérité, indépendante et bénéficiant de la pleine coopération du Vatican. Elle organisera des auditions régionales, documentera les abus et les dissimulations et exigera le plein respect des règles par le Vatican, y compris l’ouverture de toutes les archives relatives aux abus.

Une loi universelle de tolérance zéro promulguée dans le droit canon, éliminant tous les auteurs d’abus et les fonctionnaires complices.

Participer de manière proactive à des accords internationaux exigeant la transparence des églises et le soutien aux poursuites judiciaires. Les concordats devraient inclure des obligations de déclaration.

Un fonds de réparation soutenu par les actifs de l’église afin d’offrir une juste restitution aux survivants. Cela comprend les soins psychologiques, la restitution financière, l’éducation et le logement. Les actes publics de restitution devraient inclure des commémorations et des reconnaissances officielles de l’Église.

Former un Conseil mondial des survivants ayant l’autorité de contrôler la mise en œuvre et le respect de la loi. Ce conseil nécessitera la coopération et la participation des conférences épiscopales et des organes juridiques internationaux.

Si vous ne vous joignez pas à nous pour prendre ces mesures, tous les efforts déployés pour lutter contre la catastrophe des abus commis par des membres du clergé aboutiront à la même répétition d’échecs, à une nouvelle génération de prédateurs cléricaux et à la poursuite de ce traumatisme mondial.

Trois papes, trois trahisons : Serez-vous le quatrième ?

Après la résurrection, Jésus dit à Pierre : « Quand tu étais jeune, tu t’habillais toi-même et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et quelqu’un d’autre t’habillera et te conduira où tu ne voudras pas aller ». (Jean 21:18)

Contrairement à vous et à Pierre, beaucoup d’entre nous n’ont pas connu la liberté de la jeunesse. En tant qu’enfants, nous n’étions pas autorisés à nous habiller nous-mêmes ou à aller où nous voulions. Au lieu de cela, nous avons été conduits dans des lieux de soumission totale, de dénuement et de désespoir - des lieux où nous avons ressenti l’absence de Dieu, un peu comme ce que le Christ a vécu sur la croix.

Aujourd’hui, vous portez le poids de ce fardeau. L’abus d’enfants par certains prêtres et la dissimulation de ces crimes par des évêques vous impliquent directement. Cette histoire oblige à faire face à la trahison de l’innocence, vous conduisant à un endroit où vous ne voulez pas aller.

En tant qu’évêque de Rome, vous êtes le successeur direct de saint Pierre, dont vous pensez qu’il a été le premier pape, choisi non par les hommes, mais par le Christ lui-même. Pourtant, l’un des grands mystères de la foi est que Jésus n’a pas choisi Pierre pour son courage ou son honnêteté ; il savait que Pierre le trahirait. Jésus savait que Pierre nierait son innocence et mentirait à ce sujet, non pas une fois, mais trois fois. En d’autres termes, notre premier pape était un lâche et un menteur.

Vous serez le quatrième pape successif depuis la révélation publique aux catholiques et au monde entier des abus généralisés et systématiques commis sur des enfants. Vos trois prédécesseurs ont accepté la charge papale en étant pleinement conscients qu’ils avaient trahi l’innocence des enfants dans les diocèses qui leur avaient été confiés. Lorsqu’ils sont devenus papes, aucun n’a décliné la charge par honte ou par indignité pour ce qui s’était passé - ni Karol Józef Wojtyła en Pologne, ni Joseph Alois Ratzinger en Allemagne, ni votre prédécesseur, Jorge Mario Bergoglio en Argentine. Aucun d’entre eux ne s’est approché de la chaire papale et, comme Pierre, n’a confessé ses péchés, n’a pleuré amèrement et n’a juré de ne plus jamais trahir les innocents. Comme eux, ne reconnaîtrez-vous pas pleinement ce que vous et vos collègues évêques avez fait et ce que vous continuez à faire ? 

Jésus a réservé à Pierre certains de ses reproches les plus virulents, en lui disant : « Vade retro Satana ! » lorsque Pierre n’a pas compris le coût réel de la vie de disciple. Pourtant, malgré ses défauts, Pierre est resté celui à qui le Christ a confié la direction de l’Église.

La trahison des innocents n’est pas, en soi, un obstacle pour s’asseoir sur la chaire de saint Pierre, à condition de suivre l’exemple de Pierre. Pierre n’a pas justifié ses actes. Il ne s’est pas excusé lui-même. Il ne s’est pas protégé de la prise de conscience dévastatrice de ce qu’il avait fait.

Les enfants et les personnes vulnérables de son Église devront-ils supporter un quatrième pape qui les trahira, eux et tous les innocents confiés à ses soins ? Ou serez-vous le premier pape à mettre fin à ce fléau et à guérir les plaies ouvertes laissées par la longue histoire de l’Église catholique en matière de violences sexuelles ?

Sentiments distingués,

Le réseau des survivant·es d’abus par des prêtres

(SNAP, le réseau des survivants, apporte son soutien aux victimes d’abus sexuels en milieu institutionnel depuis plus de 35 ans. Notre réseau compte plus de 25 000 survivants et sympathisants. Notre site web est SNAPnetwork.org)

Notes 

(2) “SNAP Zero Tolerance Recommendations”. Réseau des survivant·es d’abus par des prêtres. 

GIDEON LEVY
Mon ami à Gaza en est à ses dernières gouttes d’insuline


Gideon Levy Haaretz, 7/5/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’acidocétose diabétique est une complication potentiellement mortelle du diabète, dans laquelle un manque d’insuline et des niveaux élevés d’hormones de stress entraînent une production accrue de corps cétoniques et une acidose. M. est presque à court d’insuline. Au téléphone depuis sa maison brûlée à Beit Lahia, dans le nord de Gaza, où il vient de revenir, il dit qu’il lui en reste deux gouttes. Plus tard, il précise qu’il dit “2 centimètres” ; peut-être voulait-il dire deux unités. Quoi qu’il en soit, il est presque à court d’insuline. Jusqu’à récemment, il l’obtenait à la pharmacie de l’agence de réfugiés de l’UNRWA, mais depuis qu’Israël a arrêté l’entrée de l’aide humanitaire, il n’y a plus d’insuline. 


Beit Lahia. Photo Finbarr O’Reilly/Reuters

Il essaie d’être rassurant : il n’a pas besoin d’insuline en ce moment parce qu’il n’y a pas de pain. Il ne prend de l’insuline que lorsqu’il mange du pain, et il n’y en a pas. Il garde sa dernière dose d’insuline au cas où lui et sa famille trouveraient un peu de pain. Mercredi, son fils est sorti à la recherche de pop-corn pour calmer son estomac. Il a cherché pendant des heures, en vain. « Je lui ai dit qu’il ne trouverait rien », raconte le père. 

« J’ai faim, j’ai vraiment faim », m’a-t-il dit mercredi. C’était la première fois depuis le début de la guerre qu’il prononçait cette phrase avec une telle intensité. Il a toujours essayé d’aplanir les choses, de minimiser ses difficultés pour ne pas susciter la pitié et préserver sa dignité. Enfin, jusqu’à hier. Mercredi, il a admis qu’il avait faim. Réellement faim. 

Mardi a été une journée particulièrement difficile car Israël a bombardé le nord de la bande de Gaza sans relâche. Les enfants voulaient partir, mais M. leur a demandé : « Où irions-nous ? »  Ils sont tous restés dans ce qu’il restait de leur maison, sous les obus tonitruants, espérant le meilleur. Ils ont décidé que si les bombardements

ne cessaient pas d’ici 17 heures, ils partiraient. Heureusement, les bombardements ont diminué avant cela, et mercredi, les armes étaient silencieuses. M. dit qu’il n’y a pas captifs israéliens et pas de Hamas à Beit Lahia, seulement des tas de décombres, alors pourquoi continuent-ils à bombarder cette zone ?

M. est retourné dans les ruines de sa maison après de longs mois dans un camp de tentes dans la zone “humanitaire” de Muwasi, à côté de Khan Younès et de ce qui était autrefois la colonie israélienne de Neveh Dekalim, avant son évacuation en 2005. Il a 63 ans, souffre de diabète et a subi un AVC. Le voyage du camp à sa maison brûlée a coûté 1 200 shekels (300 €). Quatre familles ont partagé le coût, entassées à l’arrière d’un fourgon de transport sur des matelas et des couvertures – tout ce qu’elles possédaient.

Lorsqu’ils ont atteint ce qui était autrefois leur maison, il ne restait rien d’autre que le squelette, couvert de suie. Même les portes avaient disparu. Ils ont nettoyé, posé des matelas et ont fait leur foyer parmi les ruines. Maintenant, ils craignent de devoir bientôt fuir pour sauver leur vie, et il n’y a nulle part où aller. Mercredi marquait 19 mois de guerre. Israël veut la renouveler avec toute sa force ; quelle nouvelle joyeuse et pleine d’espoir.

Mes conversations avec M. sont frustrantes. Mon incapacité à l’aider en quoi que ce soit, mon impuissance, me rend fou. Pendant des années, nous avons parcouru Gaza ensemble ; il était notre guide et notre protecteur. Mercredi, il était assis devant sa maison, face aux restes de la Mercedes à sept places que nous avons conduite et empruntée pendant des années ; parfois avec de l’essence, lorsque c’était disponible, et parfois avec de l’huile de friture usagée provenant des stands de falafels, lorsque l’essence venait à manquer.

La Mercedes jaune doit avoir environ 3 millions de kilomètres au compteur. Maintenant, elle aussi est une épave calcinée. M. la pleure plus qu’il ne pleure sa maison. Il y a passé plus de temps qu’il n’en a passé dans sa maison. Parfois, il la caresse, m’a-t-il dit mercredi, la voix nouée, ouvrant le coffre noirci et se remémorant des souvenirs, soulevant le capot et voyant le moteur calciné. Quelques jours avant le déclenchement de la guerre, il avait acheté quatre nouveaux pneus pour la voiture, mais il n’a pas eu la chance de rouler avec. Maintenant, le taxi est un squelette, tout comme son propriétaire affamé.

Mardi, il a mangé quelques lentilles, et mercredi, il n’a rien mangé. Lorsqu’il parviendra à obtenir de la farine ou du pain, il s’injectera les dernières gouttes d’insuline qu’il lui reste.



08/05/2025

Bulát Okudzháva
Nuestro 10º batallón de desembarco
Día de la Victoria

Traducido por   Josafat S. Comín
 

Bulát Shálvovich Okudzháva (1924-1997) fue un cantautor soviético de origen georgiano, uno de los fundadores del género ruso llamado «canción de autor» (avtorskaya pesnya). Escribió unas 200 canciones, mezcla de la poesía y las tradiciones folclóricas rusas y el estilo chansonnier francés, representado por contemporáneos de Okudzhava tales como Georges Brassens.
Aunque sus canciones nunca fueron abiertamente políticas (en contraste con las de sus compañeros bardos), la frescura y la independencia del arte de Okudzhava representaron un desafío sutil a las autoridades culturales soviéticas, que durante muchos años se negaron a dar sanción oficial a sus canciones.

Aquí no cantan los pájaros
ni crecen los árboles.
Y sólo nosotros, hombro con hombro,
nos arraigamos aquí, en la tierra.
El planeta arde y gira,
el humo cubre nuestra patria.
Y eso significa que necesitamos una victoria,
una para todos. ¡No escatimaremos el precio!

Nos espera el fuego mortal
que, pese a todo, nada puede.
Fuera dudas:
se adentra en la noche
en solitario
nuestro 10º batallón de desembarco,
nuestro 10º batallón de desembarco.

Acaba de cesar el combate,
y ya está sonando otra orden
el correo se va a volver loco
buscándonos.
Vuela un cohete rojo,
dispara la ametralladora.
Y eso significa que necesitamos una victoria,
una para todos. ¡No escatimaremos el precio!

Nos espera el fuego mortal
que, pese a todo, nada puede.
Fuera dudas:
se adentra en la noche
en solitario
nuestro 10º batallón de desembarco,
nuestro 10º batallón de desembarco.

Desde Kursk y Oriol
la guerra nos ha llevado
hasta las mismas puertas del enemigo.
Eso es lo que hay, hermano…
Algún día nos acordaremos de todo esto
y ni nosotros mismos nos los creeremos,
pero hoy necesitamos una victoria,
una para todos. ¡No escatimaremos el precio!

Nos espera el fuego mortal
que, pese a todo, nada puede.
Fuera dudas:
se adentra en la noche
en solitario
nuestro 10º batallón de desembarco,
nuestro 10º batallón de desembarco.

Min. 36:00


Boulat Okoudjava
Notre 10ème Bataillon amphibie
Jour de la Victoire

Traduit par Mikaela Honung
 

Boulat Chalvovitch Okoudjava (1924-1997) fut un auteur-compositeur-interprète soviétique d’origine géorgienne. Considéré comme l'un des plus importants chanteurs de langue russe, avec Vladimir Vyssotski, son œuvre exprime son horreur de la guerre, l'observation patiente de la société soviétique et les amours douloureuses. Il est LE chanteur du quartier de l'Arbat à Moscou. On le surnomme parfois le « Brassens soviétique ». Il est également l'auteur de plusieurs romans.
« Cette voix qui chantait comme personne avant, sans aucune fausse note de patriotisme, sur Moscou, sur la guerre, traduisait la nostalgie d'une patrie qui n'est plus. Rien de politique dans ses chansons, mais tant de sincérité, tant de douleur que les autorités n'ont pas pu le supporter. Poursuivi par la haine et la sottise, Boulat Okoudjava aura sans doute été le premier poète persécuté sous nos yeux».
Vladimir Boukovski (Mémoires)

Ici les oiseaux ne  chantent pas
Les arbres ne poussent pas
Et nous seuls, épaule contre épaule,
Poussons ici sur la terre.
La planète brûle et tourne
La fumée recouvre notre patrie
Et donc, il nous faut la victoire
Un pour tous. Nous sommes prêts à payer le prix !

(Refrain) Une mort terrible nous attend
Mais rien ne peut nous arrêter.
Plus de doutes !
Il s’enfonce, solitaire
Dans la nuit  
Notre 10ème
bataillon amphibie
Notre 10ème
bataillon amphibie

A peine la bataille finie
Retentit un nouvel ordre de combat
Le facteur va devenir fou
A nous chercher.
Une fusée rouge traverse le ciel
Une mitrailleuse tire.
Et donc, il nous faut la victoire
Un pour tous. Nous sommes prêts à payer le prix !

(Refrain) Une mort terrible nous attend
Mais rien ne peut nous arrêter.
Plus de doutes !
Il s’enfonce, solitaire
Dans la nuit  
Notre 10ème
bataillon amphibie
Notre 10ème
bataillon amphibie

De Koursk et d’Orel
La guerre nous a menés
Aux portes de l’ennemi
C’est comme ça, mon frère
Un jour, nous nous souviendrons de tout cela
Et nous-mêmes n’y croirons pas.
Mais aujourd’hui, il nous faut une victoire
Un pour tous. Nous sommes prêts à payer le prix !

(Refrain) Une mort terrible nous attend
Mais rien ne peut nous arrêter.
Plus de doutes !
Il s’enfonce, solitaire
Dans la nuit  
Notre 10ème
bataillon amphibie
Notre 10ème
bataillon amphibie

Min. 36:00